13 juin 2008

C'est pour les khôs


Voilà j’avais créé ce blog pour empiler sur la toile un énième blog d’expatrié rasoir. Les premiers posts laissaient présager un blog aussi chiant qu’une version journal intime virtuel façon L’Auberge espagnole. Le truc s’est délié avec le temps, on a perdu de vue ces posts en Anglais sans le regretter une seconde. Ce blog a sérieusement pris de la bouteille, de la hauteur, il est parfois parti en couilles façon gang bang de taureaux. Il a été la vitrine de mon année en dehors de Paris, en dehors de France. Un an au Danemark et en Europe condensé exagéré huilé en un blog.

Le blog du bilan sur soi-même, le blog des photos mauvaises mais aux paysages fous, le blog qui pue la tise, le blog du regard envieux et malsain d’un mec de Versailles sur le rap français, le blog éméché et un peu gangsta, le blog frais comme un Mr Freeze dans le cul d’un ours polaire, le blog qu’il faut montrer à une meuf si on espère la serrer dans les minutes qui suivent, le blog citadelle, le blog en direct des cimes, le blog qui a déployé ses ailes depuis les toits du monde, le blog qui a bicravé avec les astres, le blog spatial, le blog rafale, le blog de la fin de l’esprit Fluokids, le blog qui aura signé l’arrêt de mort de l’élitisme, le blog doigt d’honneur aux bourgeois et aux hype, le blog normal, le blog beauf, le blog ch’ti, le blog du futur, le blog qui aura eu trois trains d’avance, le blog tantôt rageux tantôt chouineur mais toujours déterminé, le blog au langage chargé à l’EPO, le blog à la plume de minimum 20cm, le blog antidote, le blog remède contre l’inertie, contre le pessimisme, le blog anti-déprime, le blog coup de pompe dans le rectum, le blog en acier.

Un blog c’est bien sympa mais l’important c’est la réalité qu’il y a derrière. En espérant qu’en parcourant ce blog le lecteur aura une vague idée de l’intensité crépitante et de la grandeur himalayesque de l’année que j’ai pu passer. En espérant si c’est pas déjà le cas, que ça lui donnera l’envie de faire la même.

"avel aveliou oll avel"

.

10 juin 2008

Changer de fuseau horaire


Presque plus voyagé en un semestre qu'en 21 ans.


Amsterdam (Pays-Bas)
Copenhague (Danemark)
Londres (Royaume-Uni)
Esbjerg (Danemark)
Skagen (Danemark)
Berlin (Allemagne)
Kalundborg (Danemark)
Kiruna (Suède)
Narvik (Norvège)
Stockholm (Suède)
Lund (Suède)
Malmö (Suède)
Roskilde (Danemark)


Voilà, semestre fini, année finie, blog probablement fini. Il est temps d'aller briller ailleurs, d'illuminer d'autres peuples.

27 mai 2008

Faut qu'on s'alourdisse


Climat
- paysages / populations

Travail
- études / écriture / soirées / filles

Religion
- Dieu / humilité / introspection


office : 100kr
bike : 100kr
phone : 100kr

se battre.
l'île.
s'y battre.
avec ce qu'on aime.


=>
Pernille !


hue clameur
cringe blottir

SKANDINAVIEN JEG ELSKER DIG


"Mec on risque très fortement, tous les analystes s'accordent à le dire, de rentrer dans la légende, sans toquer à la porte, en essuyant même pas nos pieds sur la paillasse" (Nicolas)


Les dieux me transportent.


18 mai 2008

J'ai pas mon pareil


D.

Today at 10:30pm

non mais c'est bien ces je je je je je c'est de toute manière ce que je voulais entendre.

"personne me tue tant que je l'ai pas décidé"
"127$ le baril, c'est un cadeau des marchés pour la sagesse des hommes"

en ce moment je bade, je sais plus écrire, je songe même à supprimer mon roman. et puis je rentre bientôt en france et c'est la pire chose qui puisse m'arriver. j'ai pleuré la tête sur mon bureau un soir en rentrant bourré de soirée.

comment ça presque amoureuse? tu vas où à la campagne? je me suis fait une liste des cinq pays à voir et revoir en premier dans les prochaines années :

norvège
inde
US
kirghizistan
cameroun

cette photo est belle oui. t'es belle dessus. triste et noire, possible, mais sur cette photo y a qqch de fort, un trait de caractère, qqch comme ça.
tu vas toujours à l'île de batz? on peut pas être triste là-bas.

j'ai embrassé une danoise le week-end dernier, ça m'a fait du bien, psychologiquement, affectueusement aussi. j'ai refusé que ma semi-meuf vienne dormir chez moi vendredi soir. j'ai été con, et méchant.

je pars en norvège, olso, puis bodø, puis tromsø. c'est au-delà du cercle polaire, mon premier vrai voyage. i'm looking forward to it.

je t'embrasse fort,

D.

12 mai 2008

Je m'en fous d'y passer






Arrivée à Berlin. On rejoint un pote allemand qui vit ici. On prend le métro aérien puisse bouffe des saucisses dans un parc avec des marginaux et des chiens. On rejoint une pote, on fait un peu de bicyclette dans ses couloirs, on commence à tiser et tout à coup tout s’enchaîne. En une nuit j’ai bu plus de bières qu’en une semaine à Copenhague, arpenté plus de pubs qu’en 3 jours à Londres, arnaqué plus de caissières de supermarchés qu’en un an à Lille, assisté à plus de bastons que lors d’un 1er mai à Fælledparken, draguer dans plus de kebabs qu’en un mois à Roskilde. Le reste c’est crécher dans un club jusqu’à 8 dum à se démembrer sur de la minimal, se réveiller dans un appartement géant qu’a pas coûté un sou, entendre pendant sa douche à l’eau froide de la minimale sur une radio de variet’, se réchauffer auprès du poêle dans la chambre, se prendre un brunch vers 15h et tout recommencer.

Ville de jeunes. Ils sortent la nuit, ils ont la ville dans les yeux et le bide, ils sont les tueurs à gage de l’Avenir. Un guerrier n’est jamais aussi beau que lorsqu’il se relève, une nation casse la baraque au sortir d’une guerre. Ben voilà, Berlin renaît de ses cendres. Berlin est grise, gelée, presque fade. Mais au détour des rues, entre les kebabs à deux euros et les murs d’appartements graffités, tu sens ce qu’est en train de passer. Quelque chose comme une petite brise qui s’infiltre partout et emporte la ville avec elle.

Tu décides de garder ta capuche dans le club mais quelqu’un porte déjà une cagoule, tu décides de pas traverser dans les clous mais tu te rends compte qu’il y a tout simplement pas de clous, tu penses tout cogner en rentrant dans le tram avec ta teille à la main et tu te rends compte que les mamies et le chauffeur tisent aussi, tu décides de faire quelque chose d’inouï mais une fois de plus t’arrives un temps trop tard. « T’as une idée ? Je l’ai déjà eu l’année dernière », cette phrase de Para One résume pas mal Berlin. Si t’enlèves le côté arrogant. Berlin. T’arrives en voulant frimer et tu te prends dans la gueule cette réalité : d’une, sur une échelle de coolitude t’es à la masse. De deux, si t’es à la masse c’est parce qu’à Berlin y a pas de coolitude. Oublie la coolitude, le but c’est de se laisser aller, de faire ce que tu veux. Londres t’appartient pas si t’y es pas depuis six mois. Au bout de deux heures à Berlin tu comprends que si tu le décides, si t’as les burnes, tu restes, t’as plus qu’à relever les manches et tendre la main et tu tiendras le monde dans la paume, tu le serreras fort, tu seras plus grand que les autres, tu seras plus sage aussi.

Porte tes lunettes de soleil en cul de bouteille dans le club, porte ton tee-shirt noir sans manche imprimé aigle royal, transpire, pue la transpiration, dort sur le dance-floor. Personne te jugera, juger c’est trop XXe siècle et Berlin a planté sa tente dans le futur.

3 mai 2008

On prend tout ce qu'on peut



« On agi sans mobile », « on frappe au hasard »


Tu l’auras compris, je parle du clip de Stress. Je l’ai découvert sur Brain, puis sur la Supérette, j’ai lu les textes et les comments avant de voir le clip. Je m’attendais à un truc ultra violent. Premier point maintenant que je l’ai vu c’est quand même pas de l’ultra violence non plus.

Le clip est un peu décevant, les blousons Justice symbolisant un peu Disney qui déboule dans la cité. C’est le premier reproche que je ferais je crois, je repense à Signatune et ce qui m’irrite c’est que les beaufs comme les cailles sont récupérés par des bourges ou pire par des mecs frais. Mais passons. Je me suis ensuite dis bon le côté on fout le bordel sans raison je crois que ça fonctionnait dans les années 90, depuis La Haine jusqu’à Du Rire aux larmes. Mais depuis que Coline m’a montré le clip de Kery James je me dis que ce clip de Stress fait par Romain Gavras appartient à la décennie précédente. Cautionner les émeutes de novembre 2005 parce que la merde dans laquelle sont les jeunes de banlieue le justifie, c’est désuet. On sait aujourd’hui que c’est fini ça, aujourd’hui faut retrousser ses manches utiliser le système pour s’en affranchir ensuite. Ce qu’on répète assez sur ce blog d’ailleurs. Anyway, le clip de Stress arrivait donc après la bagarre, un coup manqué, un anachronisme. Une erreur.

Et soudain je me suis retrouvé sur le MySpace de Romain Gavras. Et la musique de son profil c’est Quand on arrive en ville, de Starmania. Et du coup tout s’est un peu éclairci. Les deux phrases que j’ai mises sous le clip sortent de cette chanson. D’autres : « qu’on égratigne vos Jaguar », « Si on vit pas maintenant demain il sera trop tard ». Je comprends donc que le film director a voulu reprendre ce morceau de Starmania en en faisant un clip, en réactualisant Balavoine et tout ça. Faire le parallèle entre les années 80 et la merde d’aujourd’hui. Et j’aime Starmania, j’aime Balavoine. Alors voilà le thème et l’esprit du clip sont dépassés je maintiens. « C’est peut-être qu’on est débiles, c’est peut-être par désespoir » : Quand on arrive en ville, morceau fait au tournant des années 80, appartenait au tournant du millénaire. « Et partout dans la rue je veux qu’on parle de moi […] Devenir une idole » : Le Chanteur de Balavoine, morceau fait la même année, appartient au 3e millénaire. Romain Gavras a tapé dans le bon réservoir mais pas au bon endroit.

Mais on me dira pour ce coup-là fallait que ça corresponde au morceau de Justice. Vrai. Mais je trouve que le clip et le morceau lui-même disent des choses différentes. Stress n’est pas Quand on arrive en ville. C’est peut-être le problème, ce problème qui fait qu’on sait au fond pas trop quoi penser de ce clip, pas trop quoi en dire. Le mieux c’est de l’avoir vu, puis de rien en penser, puis de rien en dire. Raté.

29 avr. 2008

Frôler le paradis


Post exceptionnel, il faut que je vienne te parler de ce morceau. Tu connais RAFALE, le duo breton qui t’as fait mouiller sous les bras et entre les jambes avec notamment Au Secours. Et tu connais Tacteel, que je ne présente pas. Je viens t’annoncer que le second a remixé le premier, et que j’ai pu écouter « ce morceau ».

Ce morceau me fait peur, je l’écoute en boucle depuis trois heures alors que je suis censé être en examen. À 3.33min, la chaleur sereine se propage soudain alors que t’étais encore nerveux. À 5.28min après t’avoir fait miroiter le ciel, le morceau te prend la main, t’emporte avec lui. On parle bien de voler. Ce morceau fout 2000 ans d’Histoire à plat, ce morceau te fait voler, sans avion, sans ballon. À 6.41min tu rentres dans l’hyperespace, t’es un peu étourdi, quelque chose appuie sur tes tempes, c’est la vitesse, c’est la grandeur, quelque chose parcours ton dos, c’est l’ivresse d’un ascenseur. Câbles lâchés. Et à 7.38, sans que t’ai rien prévu, tu te retrouves propulsé à la vitesse de la lumière. Et plus rien n’existe, t’en n’a plus rien à foutre, les yeux fermés, seul entre toi-même et l’Univers, les hommes peuvent crever, tes potes peuvent claquer, ton mec ou ta meuf peut se pendre tu t’en bas les cojones t’es déjà dans une autre galaxie.

RAFALE remixé par Tacteel t’emportes aussi loin que d’où « ce morceau » vient. T’habites à Dol-de-Bretagne et ce morceau vient d’Amérique. T’es sous le joug allemand et ce morceau vient te libérer à coups de bubble-gums et de viols dans la grange de ton père. Ce morceau c’est tout à la fois, c’est l’oasis que t’espères même plus après avoir piétiné cinq nuits dans le désert, ce morceau c’est l’étoile filante que t’as guetté pendant une heure avec ta zouz pour pouvoir la ramener chez toi ensuite. En effet, ce morceau traverse le ciel, comme Booba il déboule en vaisseau spatial, ce morceau est un météore, une boule de feu et d’or qui traverse l’Espace et éclaire les peuples. Ce morceau c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de tes attentes, de ces heures langue pendue à attendre la prochaine pépite. Ce morceau c’est une pépite façon menhir trouvée dans une flaque d’eau brillante, ce morceau tes potes vont vouloir te le piquer, ce morceau quand les gens vont apprendre qu’il rôde en ville, va réduire la contrée à feu et à sang. Ce morceau est un temple, un endroit safe, un asile, dans ce morceau tu risques plus rien, dans ce morceau tu te retrouves. Ce morceau est une religion, ce morceau créera des guerres. Ce morceau est pour toi. L’Humanité est condamnée mais ce morceau te sauvera, te sauvera toi.

Alors écoute-le :


RAFALE - Rock it (Tacteel remix)


Maintenant les infos que tu dois foutre dans ton paquetage avant de tracer direction le soleil. L'EP de RAFALE, l'EP de tes rêves sort mi-Mai. Dans les bacs et sur Itunes.

L'illustration-pochette ? Akroe

Le groupe ? RAFALE

Le label fou furieux ? RISE

Si t'as encore des doigts : Tacteel

28 avr. 2008

J' suis comme une balle


Fais pas toc toc défonce la porte couilles bien calées dans le froc
T’essuies pas sur le paillasson crade le salon à ta façon
Baisse pas les bras effleure le ciel déflore-le jusqu’à faire saigner les draps
Arrête de bredouiller tu dois gueuler si fort que tes potes doivent mouiller
Tiens-toi droit comme un i les bossus connaissent pas la couleur du toit
Fous les autres au chômage envoie-leurs les huissiers supprime-leurs le chauffage
T’attardes pas sur une défaite l’inertie mérite une balle dans la tête
Te vautres pas dans le divan on se lève avant l’aube quand on est vivant
T’attaches à personne c’est pas les mains liées qu’on fout des claques qui sonnent
Te rassasie pas s’il en reste à grailler c’est pas pour les autres mais bien pour toi


Seth Gueko - La famille Mesrine (Myspace)

15 avr. 2008

J'écris mes textes en taule


Salut, je m’appelle Morten. Je suis Danois, je vis dans un kollegiet, une résidence étudiante, à Roskilde (DK). Depuis quelques années maintenant la ville est envahie par des Chinois. Nos exportations de porcs dépendent d’eux alors mon pays courbe l’échine et on se tape des Chinois qui viennent, s’inscrivent dans une école mais ne parlent même pas Anglais, viennent juste pour faire du sheuca en distribuant des journaux tous les matins à 4 dum. J’en ai marre des Chinois.

Un jour ça va péter. Faut me comprendre, ils écoutent de la pop dégueulasse à fond dans leur chambre, lavent jamais après qu’ils ont foutu le bordel dans la cuisine commune à faire cuire des morceaux de gras et des pommes de terre dans des bacs cradoss. J’en peux plus de croiser leur sale gueule dans la rue, à la gare, partout. Ils restent entre eux, te disent pas bonjour. Alors je dis pas bonjours non plus. Parfois des trucs disparaissent dans la cuisine et je suis sûr que c’est eux. Y a même des Chinois de 12 piges qui traînent là et je comprends pas comment ils sont arrivés là ni de quoi ils vivent. Je vis en dehors du monde dans mon monde mais fallait quand même qu’ils viennent nous faire chier.

Un soir je rentre bourré d’une soirée à la Student House du coin. Personne dans les rues. J’ai dans ma poche l’ouvre-bouteille qui nous a servi à dégommer la dizaine de bouteilles torchées ce soir. Je suis d’humeur assassine, « d’un froid caniculaire », j’aperçois au loin une silhouette fébrile et laborieuse en vélo, avec une carriole. Banco. Un enfoiré de Chinois qui s’en va faire sa besogne. Je me fous en travers de la piste cyclable, ce con freine brusquement, complètement ahuri. Je le pousse de son vélo le fous au tapis ambiance Médina de Marrakech. Il lâche un cri sourd et se débat au sol, je l’enchaîne avec des balayettes ambiance fée du logis il se cambre et fous ses mains sur sa caboche. Je sais pas ce qu’il s’est passé il a dû se débattre alors j’ai sorti l’ouvre-teille et j’ai frappé ses flancs avec. J’avais la rage et je suis assez lourd, j’ai dû filer une vingtaine de coups en criant des insultes qu’il comprenait pas. Les flics ont déboulé dans ma chambre ce matin, ce con de Chinois est à l’hôpital dans un lit douillet mais apparemment dans de sales draps. Bien fait pour sa gueule. C’est lui qu’est étranger et c’est moi qui suis en cellule. C’est comme si à chaque fois qu’un Chinois débarquait un Danois partait en zonz. Je sais pas quand je sortirai, dans cinq, dix, vingt ans, ça dépend si ce con a la fausse/bonne idée de caner, mais je sais qu’à ce rythme quand je sortirai ce sera plus le Danemark mais la Chine.

10 avr. 2008

Destiné à briller pas à m'éteindre


Post musique. Hou tu t’y attendais pas. Un groupe, deux morceaux, un bain de sang. « Envoyé pour piller villages, villes et campagnes // Khô j’ai la tête dans les nuages et la bite dans le champagne ». À croire qu’un groupe a enfin relevé cette phrase missile Stinger. PILLAGE. Le principe c’est d’arriver dans le game, de violer femmes et enfants, et de repartir avec les fouilles pleines à craquer de khalis.

Premier morceau : Die for your ass. Ce morceau a quelque chose de vaste, ce petit côté Madison Square Garden qu’on retrouve que trop rarement. T’auras plus besoin de te lever pour voir la finale du Super Bowl, tu pourras juste foutre ce son et t’auras toute la team des Patriots qui jouera dans ta piaule. Mais le pire dans tout ça c’est que Die for your ass est déjà un classique, parce qu’il mûrit comme un grand vin, sans même que ses auteurs y touchent.

PILLAGE - Die 4 ur ass


Second morceau : un remix de Ninaninanana. Tu mets ton casque sur tes oreilles, tu fais chauffer le moteur de ta bécane tranquillement, à filer des frissons à un malentendant et à 1min56, au moment où tout le monde manque de s’évanouir, tu déboules en moto débridée dans Aquaboulevard. Le parcours est fléché t’as plus qu’à te laisser glisser tu crées l’émeute à la piscine tu fais crisser les pneus sur les toboggans, à mille à l’heure dans l’Aquamikaze.

Ninaninanana - PILLAGE remix

ps : pour participer à l'abordage et getter sa part du butin : PILLAGE!

1 avr. 2008

J'attends plus l'argent je vais le prendre


Mai 2008. Le temps va vite même si je passe mes journées à essayer de le doubler en lui faisant une queue de poisson. Je suis tombé sur le C dans l’air sur les lycéens rêvent-ils de 68, et je vois ce mec, pull bleu pâle col en V, chemise blanche à carreaux, barbe, lunettes, physique de phacochère, représentant de l’UNI, et cette meuf en face, cheveux relevés, mal attachés, qui s’appelle Julie et qui représente un syndicat étudiant de gauche. J’entends l’un dire que la CGT a manipulé les masses pour lancer Mai 68 et l’autre dire que les mouvements de jeunes actuels sont pas défensifs, et je me dis que c’est normal qu’on s’en sorte pas.

J’entends des lycéens de bonne foi avec Mai 68 dans les pupilles et dans le cul qui braillent « Soyons réalistes demandons l’impossible » et qu’ont pas compris qu’être réaliste aujourd’hui c’est pas demander l’impossible, parce qu’il viendra pas si tu restes dans ton canapé à écouter Damien Saez ; l’Impossible tu prends ton teaucou, tu te lèves tu vas le débusquer quitte à agresser sur le parcours, et tu le ramènes en le tirant par les cheveux.

Mai 68 on en n’a plus rien à branler tout simplement parce que c’est dans le passé et qu’on a les yeux cloués sur Demain et sur ce qu’il y a après. ¾ des Français considèrent que leurs chiards réussiront moins qu’eux mais que mes parents soient prévenus il est fort probable que je réussisse encore plus qu’eux. Aller encore plus loin.
Quand j’entends quelqu’un me dire qu’il a peur de l’avenir je lui rétorque sans attendre que pour ma part c’est l’avenir qu’a peur de moi. L’Avenir balise parce qu’il me voit grossir dans son rétroviseur. Et c’est quand plus de gens penseront la même chose qu’on aura fait un putain de pas.

22 mars 2008

Au nord c'est pas les corons




T’as forcément maté les photos de mon post précédent et tu t’es mordu les doigts au point d’être passé pour un lépreux vendredi soir au Bataclan. Tu t’es mordu les doigts en te disant putain mais qu’est-ce que j’ai foutu à perdre mon temps à frimer à NYC ou au Machu Picchu duquel j’ai rien appris.

J’ai pas envie d’enfoncer le clou mais fallait quand même qu’au-delà des photos j’en parle un peu. C’est quoi Skagen ? Skagen c’est dans le Jylland, c’est la ville la plus au nord du Danemark. Le Danemark en gros c’est le Sjæland à l’Est où t’as Copenhague et Roskilde, puis c’est Fyn (la Fionie) au milieu et à l’Ouest le Jylland, prolongement péninsulaire de l’Allemagne, du continent. Ce qui fait donc que si on oublie la Grande Bretagne qui ne fait pas partie du continent, et les autres pays scandinaves qui au fond sont juste une vilaine excroissance géographique, Skagen est la ville la plus au Nord du continent européen. Le Jylland c’est une longue et large langue de terre qui s’enfonce entre la Mer du Nord et la Baltique, pointée droit vers le Nord, droit vers le pôle. C’est pour ça qu’une fois que t’arrives tout en haut, à Skagen, que tu progresses doucement dans les 45 minutes de sable, de galets, de dunes et de blockhaus qui te séparent du top of Denmark, tu frissonnes. Tu frissonnes pas parce qu’il fait froid, parce qu’il fait moins froid qu’à Copenhague pourtant plus au sud, et plus beau. Tu frissonnes parce que c’est un des rares endroits de la terre qui signifie quelque chose ne serait-ce que par sa géographie. Tu frissonnes parce qu’à chaque pas que tu fais, tu t’aventures plus au Nord, plus au Nord que tu ne l’as jamais été encore.

T’as ton appareil, tu mitrailles pire qu’à la grande époque de Bassorah, mais tu sais pas vraiment quoi prendre en particulier. C’est plus Skagen, la station balnéaire en vogue fin XIXe et dont les peintres scandinaves étaient friands. Grenen. Nom tout aussi clair, « tree-branch », Gren en Danois. L’endroit le plus septentrional. Tu croises deux ou trois touristes allemands qui ont quelque chose de différent dans le regard et que tu comprendras qu’une fois revenu. T’aperçois cachées dans les dunes une, deux maisons de bois, orphelines, aux murs noirs éclatant, marron foncé, au toit rouge, rougi, tu serais obligé de te baisser pour passer la porte. Tu dépasses le phare imposant et le drapeau Danois qui flotte fièrement et t’es fier avec lui, se dévoile alors la dernière partie de la pointe. Alors qu’au début de la plage t’apercevais confusément des tâches blanches mouvantes au loin, au Nord, là tu comprends, c’est les vagues incessantes, pas grosses, mais profondes, entraînantes, lourdes, faites des courants des deux mers, la Mer du Nord à l’Ouest, ce monstre horizontal, et la Baltique à l’Est, apprivoisée mais drue. Tu marches de plus en plus vite, presque plus de végétation, presque plus de galets qui n’ont pas résisté aux vents perpétuels, mais des lacs rescapés de la dernière marée ou preuve de l’humidité des sols à cet endroit précis du Danemark. Tu continues de marcher dans le sable, c’est difficile, tu perds parfois l’équilibre et tes pieds sur la plage font le même bruit que tes moon-boots dans la neige à Méribel parce que tout est lié. Tu commences à sérieusement plier les yeux, trop de soleil, dans le ciel, en fresque intégrale, sur l’eau, qui scintille, qui éblouit, t’as le regard aiguisé ça y est ton visage se transforme. Le tracteur et sa remorque de touristes repart, tu te dis qu’ils auraient pu faire le chemin à pied pour comprendre, mais tu trouves que ce tracteur qui zone au point le plus au Nord de l’Europe il a de la gueule alors tu le photographies aussi. Les gens deviennent plus rares, le vent te soulève petit à petit, et comme trop vite, t’y es. Comme sur la proue d’un bateau terrestre, comme au bord d’une falaise, comme à bord d’un avion. Les deux mers jouent leurs grands mouvements, tu t’approches encore un peu, pour être encore un peu plus au Nord, pour être l’homme le plus au Nord de l’Europe pendant quelques secondes. Tu gonfles la poitrine et lève un peu les bras au ciel, comme pour aller encore plus loin. Comme dans Titanic ouais, sauf que là t’es en train de le vivre et que t’as pas une chieuse à côté de toi. Les minutes passent et tu regardes la mer, les mers, ton regard devient bleu comme elles, tu deviens la mer toi-même, t’existes plus vraiment, ou t’as jamais existé de la sorte. Tu te blottis dans le silence et tu fais plus rien.

Puis une demi-heure plus tard tu repars, parce qu’il le faut bien. À contrejour les gens présents ressemblent à des soldats de plombs, des marionnettes de la Nature, sombres et brillantes. Les mini galets par milliers en bataillons d’insectes qui se ruent sur tes pieds et sur les nuages passagers te font comprendre que t’es même plus sur Terre, mais plus haut encore. Tu rentres à Skagen en traversant les dunes aux cheveux blonds et ton crâne brûle encore d’une réalité qui charge toute ta tête sans que tu le veuilles : tu reviendras. Tu reviendras parce qu’il s’est passé quelque chose, entre Grenen et toi, entre les mers et toi, tu gardes ça en silence, t’en dis pas plus, tu reviendras. Au Nord c’est pas les corons, c’est Skagen, puis Grenen, et rien d’autre. T’es aimanté t’as plus le choix, et t’aimes ça. J’aime ça.

15 mars 2008

La planète à plat ventre


Post lambda sur ce blog immortel.

Après avoir maté pendant une demi-heure des photos de Micky Green sur Internet, j’ai décidé de l’adder à mes potes sur MySpace. Et elle m’a accepté. T’sais genre dans ces moments dans ces situations tu perds toute rationalité tu te dis je ne sais pas elle va peut-être me zapper même si comme tout le monde elle accepte n’importe qui. Bref elle est blonde, elle a fait du mannequinat mais juste pour passer le temps et se faire du khalis pour avoir du biff plein les valises (j’aime tellement l’esprit), elle a genre 22 ans, elle est Australienne mais parle Français (dans un accent qui direct te plaque au sol) et limite vit à Namap. J’ai plusieurs projets pour les 10 années à venir, eh ben je viens d’ajouter à la liste serrer Micky Green.

Ici, le dernier coup d’éclat de TF1 avec un épisode du Granf’ d’une violence rare et pointue. Au menu de ce soir un rapport mère-fils complètement saignant à base d’esclavage filial moderne et cette pensée : en lisant Zola on tombe sur des situations familiales similaires mais on les voit à travers le carreau de la littérature, là où TF1 fait fort c’est qu’on se le prend dans la gueule sans aucun style et que c’est la réalité pas des pages cornées dans la petite poche de ton sac de rando. Bon à part Foucauld personne cliquera sur le lien toute manière alors en compensation soignée cette vidéo que Coline m’a passée où un étudiant se retrouve victimisé par toute sa classe ambiance taloches sur le haut du crâne et tête baissée.

Micky Green trop belle pour toi, ta mère qui mange ses pâtes seule dans sa cuisine tous les soirs sans sauce ni parmesan et puis ce post-adolescent dans l’impasse tout ça ça me fait penser à Dieu. Y en a qui pensent que Dieu existe un Dieu catholique tout beau tout propre et je respecte, y en a pas folle la guêpe qui croient pas en Dieu et je respecte aussi mais la vérité c’est que Dieu existe, que Dieu est même partout. Sauf à sa place.


6 mars 2008

Arrête de geindre ici c'est la jungle


Rével à 15h aujord’hui, j’oufe les volets, rues grises, un enfoiré de vieux boteux passe sur la place du beffroi, je tends les bras par l’ feniête, mime le geste d’un flingue et fais semblant de l’abatte. Coup de déo, rasage de près, après-rasage, parfum Ice men de T. Mugler, crème hydratante pour soigner mes restes d’acné. J’enfile un survet’ et un cuir, claque la porte de ma piaule, aperçois seusœur en travers de la porte de sa champe polly pocket, son poster Star Club de Janet Jackson me débecte, je lui dis viens voir, elle rapplique derechef, je lui balance une taloche elle m’engueule je ris je lui dis woh ça va… calmement… J’agrippe les Smacks dans la gargotte dis pas bonjour aux parints, engloutis des tartines qui traînent sur la toile cirée ; ma mère me demande où je vais je réponds en ville elle me demande si je vais rentrer tard je suis déjà sur le querpillon.

C’est les vagances. On va prendre un jus avec Stéphane et Eric après le déjeuner ; Georges le patron, un pote de mon père ils jouent au Tiercé ensemble, nous délivre trois chirloutes, on parle un peu de sexe normal, Riké a la rage sa blonde refuse la sodomie pour le moment, il nous dit qu’il a le seum sa première sodo c’était à 14 ans au camping de Blanc-Nez. Georges nous lâche des chopes, d’autres chopes. 16h, on sort du bistrot, boulis comme des coings. Je zone dans le centre-ville avec mes zincou, on rôde en ville chez les miroulles ; Stéphane à décroché un transistor chez son pépère, on fout la street-tape des Amateurs à fond rue de Paris et devant le Subway ; au loin on aperçoit une bande de bourgeois des enculés qui font des études et viennent de Paris, on fonce sur eux en courant et en braillant, ces bolosses sursautent et se mettent à rire, au passage Riké se prend une balayette dans la cuisse on se fout un peu de sa gueule.

J’ai ramené mes potes à la baraque, encore gris, engueulades, on s’est enfermés dans ma chambre pour jouer à PES. Mais j’ai vite calmé le jeu, viré mes couillons. Obligé de baisser les armes avec le daron pasque ça joue à Bollaert ce soir Lens contre Nantes en coupe de France mon daron est né lo-bas alors on va soutenir les petits frères du voisinache. On se couvre tous les deux de sang et or et retrouve de la famile. Le match n’est pas grandiose il se passe rien pindant la première mi-temps. Mais à la mi-temps je me suis retrouvé péteux, pendant qu’on cantait Les Corons mon vieux a mis sa main sur mon épaule et m’a ratatouïé un truc genre « Je t’aime fort mon fieu »… Je l’ai regardé et j’ai vu qu’il avait les z’yux plein d’eau ça m’a foutu un sacré coup. Y s’y prind comme un balochard mais bon au fond de moi je l’aime bien aussi. La soirée s’est finie dans les frites et les canons de bière. Demain faudra que je taise cet épisode paternel à mes frérots ils risqueraient de se foutre de ma guiffe, pire il se pourrait qu’ils aient vécu la même.

25 févr. 2008

Casse-toi pauvre con


Bon, petit post politique, normalement c’est pas vraiment le sujet mais on l’aura toute manière compris par ailleurs, ce blog est à droite alors autant le montrer clairement exceptionnellement. Et puis quoi qu’il arrive quand les spécialistes dépiauteront ce blog dans le futur ils en feront ressortir des thèmes, je sais pas l’Argent, l’Ambition, les Paysages (si si), le Franc-parler, et puis la Droite quoi.

Alors je le dis j’en ai marre des journalistes. On me dira « arrête de mater I-télé et d’écouter France Inter et ça passera mieux », hum, peut-être oui. Mais bref, sans même parler de la Gauche qui remplit son rôle d’opposition en beuglant à tout va (quelque part compréhensible puisqu’on parle du Salon de l’Agriculture), je suis remonté contre ces journalistes qui s’empressent de relayer l’info de cette vidéo où l’on entend :

- Non non, touche-moi pas…

- Alors casse-toi

- Tu me salis !

- Ben casse-toi alors, pauvre con…

Qu’on s’y trompe pas si les journalistes s’acharnent là-dessus c’est parce qu’ils sont les pires capitalistes du monde et ne pensent qu’à une chose, faire du chiffre, du gengen quoi. Et voilà que je me souviens que Rama Yade a traité les journalistes de « charognards ». C’est tellement vrai. Les journalistes sont à l’affut de la moindre info croustillante, info bankable. Si l’info est une bête morte (parce que l’action est passée) le journaliste se rue dessus et n’en extrait que ce qu’il veut. Ce qui est bon à bouffer quoi. En l’occurrence les 10 secondes de vidéo mais surtout pas le contenu du discours qui avait précédé. Or si on s’attache au contenu strict il aurait fallu s’attarder sur l’idée d’inscrire la gastronomie française au patrimoine mondial de l’UNESCO, ou encore autre chose dont j’ai pas la connaissance puisque les journalistes ne l’ont pas relayée jusqu’au Danemark visiblement.

Pour le « pauvre con », eh bien je respecte. Quand un petit merdeux a fait les poches de Bayrou en campagne y a quelques années, le mioche s’en est pris une et puis basta. Là pareil, Président ou pas, il se fait chier dessus eh bien il répond et puis on n’en parle plus on passe à autre choses les mecs. Alors le seul regret qu’on peut avoir c’est qu’il n’ait pas répondu avec autant de classe que Corneille. On se souviendra que quand un badaud avait lancé à Chirac « Connard ! », celui-ci avait répondu « Enchanté ! Moi c’est Chirac. ». Mieux ! Quand un tocard avait envoyé à Mitterrand « Mitterrand, fous-le camps ! », celui-ci avait rétorqué « Rime pauvre ».


22 févr. 2008

Je m'en tape de participer





Je me rends compte à quel point la démarche d’aller à Londres ou à Amsterdam était facile. Je reviens du bout du monde. Les gens se prennent pour des globe-trotters en allant au Mexique ou en Argentine ; quelle clique de petits bras. Je reviens du vrai bout du monde, je reviens d’Esbjerg. C’est bien simple, trois heures de train et les gares défilent, des noms tous plus incompréhensibles les uns que les autres, des villes qui deviennent de plus en plus industrielles, des putains de friches, des putains de cheminées d’usines qui montent jusqu’au ciel et crachouillent des fumées dantesques. Et soudain t’arrives, tu descends, les rues sont vides, les gens n’existent pas, les maisons sont en carton-pâte, grosse ambiance The Truman Show, et au bout du bout de cette ville-région laissée pour morte depuis des décennies, Saint George Kollegiet.

Et je le dis fallait se battre avec des bûcherons du Jutland dans des pubs payants avec nous, fallait lancer des punchlines et des bruits d’animaux à la Seth Gueko dans le pire kebab du centre-ville, fallait s’écrouler sur le trottoir et se faire remettre en place par des Danois qui nous disent qu’on ne fait pas ça au Danemark, et qui en passant ont eu l’échappée belle. Fallait remettre le couvert le lendemain dès 22h bières vins et whisky dans les pupilles avant de les avoir calés dans le foie le crâne et les étoiles qui tourbillonnent sinistrement dans le ciel d’Esbjerg. Enquiller, renquiller, faire défiler les teilles de Tuborg, se foutre à poil, descendre des shots d’un aquavit maronnasse, sortir du Friday Bar juste pour aller vomir, repartir de plus belle, se déhancher sur du Plastic Bertrand jusqu’à ramasser ses os sur le dancefloor, être encore là à quatre heures quand les derniers allaient se coucher prouvant leur petitesse, remettre le couvert face à la tournée du patron, repartir en mer sur Plastic Bertrand, ne pas faiblir face à la teille d’absinthe que le patron ne sort que pour les grandes occasions, que pour les grands clients, que pour les Grands tout court. Finir par complètement oublier le temps et l’espace, n’être plus là que pour boire, pour boire pour boire, comme seule raison de l’existence, comme réponse à tous les mots, à tous les maux mais aussi à tous les plaisirs ; boire comme réponse à tout.

Et puis on a fini par sortir de ce bar où je suis devenu un homme, s’en extirper, sortir à 10h du matin, les yeux niqués par le soleil alors que les mioches avaient déjà les yeux niqués devant leurs dessins-animés matinaux merdiques. Sortir en plein jour, passer d’une seconde à l’autre de la nuit au jour, subir ce moment comme une dernière brutalité douce. Enfin, se réveiller à 17h, alors qu’il fait déjà nuit, le temps d’aller acheter l’alcool de la soirée suivante avant que le Netto ferme, traîner au gala de l’université du coin et effaroucher les Danoises sapins de Noël endimanchées chez Kiabi pour l’occasion historique. Foutre un grand coup de tempête dans cette ville qui dort et qui travaille, et puis s’arrêter parce que tout s’arrête. Le temps de marcher dans les champs boueux sous le ciel orange et les corbeaux qui se baladent en bande de milliers de volatiles pour choper un train et rentrer à Roskilde en souffrant le martyre pendant les trois heures de trajet à cause de la quantité d’alcool ingurgitée en trois soirs fortement disproportionnée par rapport aux deux Mac Do qui ont constitué mes seuls repas du week-end. J’ai entendu « bon tu reviendras » mais je sais pas si ce genre de trucs se fait deux fois, je me demande encore parfois si je l’ai vraiment vécu une fois.


18 févr. 2008

Ma vie un putain de cul de sac


Je suis rentrée de mon travail vers 23h30. J’ai glissé un dvd de Bruce Lee dans mon lecteur après avoir posé ma doudoune noire. J’étais encore un peu en sueur. J’ai commencé à sentir une odeur bizarre, j’ai ouvert ma fenêtre, j’ai vu de la fumée, et puis ça sentait encore plus fort. Y avait eu un incendie une fois pas loin, alors j’ai joué la carte de la prévention. Je suis sortie, mais personne n’était dans le couloir, et je n’entendais encore aucun bruit. Je suis allée frapper à la porte d’Amalie, ma voisine. Elle dormait, elle a mis du temps à ouvrir. Elle avait les cheveux courts, le nez plus large, elle avait grandi. Je lui ai dit de faire quelques affaires parce qu’il y avait quelque chose de louche. En repassant le pas de sa porte j’ai aperçu de longues flammes à travers la porte-vitre au bout du couloir.

Alors avec Amalie on a frappé à toutes les portes de l’étage. Les Chinois nous ouvraient complètement hébétés d’apercevoir une Danoise venir soudainement les déranger, on les a prévenus, y a un incendie faut que tout le monde descende. On a entendu des sirènes se rapprocher. On a continué à réveiller les autres, Flemming, Tim… Rose ne répondait pas. Dimitri est sorti, il avait dû entendre le bruit des portes, un flic a ouvert la porte de l’étage, suivi d’une autre flic, ils nous ont dit de tous descendre le plus vite possible. Dimitri a demandé s’il y avait vraiment besoin de sortir, parce que le feu ne touchait pas l’immeuble, il m’a montré du doigt l’autre bout du couloir, et par la fenêtre j’ai aperçu d’autres flammes, moins libres, beaucoup plus de fumées oranges dans la nuit noire. Je lui ai dit qu’il y avait un autre feu de l’autre côté, qu’il fallait sortir ; j’avais pas vu le second feu, j’ai eu un peu peur, je n’ai pas compris ce qui se passait. Dimitri a demandé au premier flic si les feux étaient criminels ou accidentels, le flic a répondu que c’était criminel. Dimitri a tambouriné à la porte d’Hervé, qui répondait pas, puis au bout d’une minute il est sorti, les yeux fatigués, il devait être en train de dormir. On est tous descendu, en laissant les Chinois qui s’étaient rassemblés à une extrémité du couloir pour prendre en photo le local poubelle qui brûlait.

En bas deux équipes de pompiers arrosaient les feux respectifs, et deux bagnoles de flics étaient garées à côté des camions. Deux fenêtres du rez-de-chaussée avaient été cassées, probablement par de grosses pierres ou n’importe quoi d’autre. J’ai vu deux silhouettes rentrer dans une des voitures. Deux arrestations. Des papas d’origine turque avaient des sandales aux pieds et regardaient les brasiers, comme ils auraient regardé un jeune en scooter percuté par une voiture a un carrefour, ne saisissant de la gravité que l’aspect spectaculaire et inhabituel. Tout était étrangement silencieux. Un peu irréel, on avait l'air d'une assemblée de fantômes ressuscités trop tôt. En bas de l’immeuble, certains étaient quasiment en pyjama, certains avaient eu le temps de boucler un sac avec des affaires dedans. Au bout d’une vingtaine de minutes les feux étaient maîtrisés, la situation apparemment contrôlée. Les flics nous ont dit qu’on pouvait remonter nous coucher. J’ai parlé un peu avec les gens de mon étage avant de rentrer dans ma chambre. J’ai pas pu dormir tout de suite, j’étais au courant des émeutes depuis une semaine dans Copenhague, mais voilà on croit toujours que ça arrive aux voisins.

Le lendemain en partant au taf deux équipes de journalistes attendaient au bas de l’immeuble, ils m’ont interviewée, m’ont demandé si j’avais eu peur, si je savais qui étaient les coupables, j’ai répondu non à beaucoup de questions, je voulais juste savoir le nom du journal. Ils m’ont pris en photo alors que de si bon matin j’étais vraiment pas belle. J’ai pas vraiment d’idées sur cette histoire des caricatures, j’aime pas trop les étrangers en tout cas, je suis pas raciste, juste je les préfère chez eux, ici on est bien sans eux, je veux pas que ça change. Mais voilà, maintenant j’ai peur de prendre le train et le bus, je me souviens de Londres et de Madrid, même si je sais pas si la situation est la même. Et ce soir, j’attendrai minuit pour savoir si les casseurs ont décidé de remettre le couvert. Je vous tiendrai au courant.

9 févr. 2008

Je veux peser, baiser me reposer


Deux vieilles danoises tambourinent à ma porte alors qu’en écoutant Grödash à fond torse-nu devant ma glace je répète les rudiments de boxe française que mon reup m’a appris ; j’enfile un tee-shirt qui traînasse sur mon lit leur dis « Ca va les vieilles » elles comprennent pas prennent la parole enclenchent tout une tirade sur Dieu la Création me montrent un magazine qui looks good mais je vois marqué en petit dans un coin « Why do so many believe in evolution » et moi en fait on me l’a fait pas à moi j’ai pas le temps de me faire entuber.. Au bout d’une minute tombe la question « tu te poses des questions un peu sur ta vie ou autre…? », je rétorque « Non désolé en ce moment je suis dans une période où je trouve moi-même les réponses aux questions que je me pose », claquage de la porte vous allez voir mon voisin mais traînez plus trop devant ma porte le terrain est miné et puis voilà. Si les punchlines du genre « Ton 1er slow ? Nique sa mère on danse pas l’ slow, À 13 piges on veut des putes qui sucent direct et du clash flow ! » ça t’intéresse voilà le MySpace de Grödash avec « Charme du ghetto » en download !

Un truc tout con (j’adore dire ça en ce moment ça pardonne mais fait quand même passer la pilule) mais j’ai découvert Sébastien Tellier là, j’entends plus en profondeur. Et il m’est apparu que ce mec est tout simplement la réincarnation de Michel Berger, c’est comme si Michel n’était pas mort, comme s’il avait continué et comme s’il n’avait jamais décliné, comme s’il était à la mode aujourd’hui. Mais attention je le dis si Sebastien Tellier est à la mode aujourd’hui je prédis que Michel le sera demain, lors de la vague Johnny. J’écoute La Ritournelle et ça me fait penser à la musique de Tout feu tout flamme fait par Michel. Benny ? Un côté La groupie du pianiste. La Dolce vita est une sorte de réponse à Seras-tu là en fait et ça un peu chouiner. Donc si Sébastien Tellier t’intéresse t’as des morceaux et t’en trouveras d’autres ; pour réécouter Michel ce sera ici.

Je me suis maté l’entrée de Johnny au Parc des Princes en 93 puis j’ai terminé avec la dernière émission de Pascal le Grand frère aka Le Granf’ et je trouve cet épisode beau. Une belle œuvre quoi, vraiment. Tout y est, le mec de 19 ans au lieu de la chouineuse de 16 ans avec qui c’était trop facile, la Belgique non plus la France pour donner un côté un peu irréel et surtout pour l’accent, le mec qui frappe sa belle-mère, le suicide, le diabète, là c’est l’avalanche. Et puis la boxe pour repousser ses limites, le gosse de huit piges au volant de bolides, la star de football belge et les larmes à la fin comme presque à chaque fois en fait. Les filles qui font forwarder sur Facebook des photos de Sierra-léonais en train de crever la dalle et qui sont dans des écoles de sages-femmes te disent souvent que demain est un autre jour mais au fond ce que t’apprend Le Granf’ c’est qu’une fois que t’as pris ta vie en main demain va être le même jour, mais le même jour en mieux.

4 févr. 2008

Je dors plus même quand je dors


Une meuf de gauche de la Saint Martins en vient à me dire « non mais tu vois puisque tu dis ça t’as tort tu vois », je lui réponds « écoute je vais être clair j’ai pas le temps d’avoir tort ou d’avoir raison j’en suis déjà à l’étape suivante à peaufiner ma réflexion ma création ». C’est comme ça Londres en fait, tu marches à 100 à l’heure dans les rues tu paumes un bouton de ton caban tu t’arrêtes pas pour le ramasser, t’oublies un pull à une soirée à Shoreditch tu t’arrêtes pas pour le récupérer, tu t’arrêtes jamais sinon tu meurs papa. Je reviens de la ville qui défouraille au napalm, qui dézingue au cyanure, qui décape au karcher, je me disais putain mais ils sont tous cokés à avoir la bougeotte à pas rester en place mais j’ai été contaminé en à peine 24h, rafales de bastoss’ sonores en soirée à Bethnal Green, coups de fusil à pompe dans les tempes le lendemain au réveil mais tu traînes pas au lit « on n’est pas back dans les bacs parce qu’on n’est jamais partis »… En 4 jours deux Anglaises m’ont recalé j’ai séduit une Française mais l’ai zappée ensuite, une Française m’a intrigué je me suis découvert une amie je me suis mis une douzaine de personnes sur le dos, tu verras 60 photos dans mon album Facebook Londres mais sache qu’il y en a 300…




Séjour complètement pump it up dans les coins mainstream couilles gelées devant la House of Parliament et dans les bas-fonds dégueulés de Brick Lane quartier qui fait semblant d’être dangereux où des renois patatent des blancs effarouchés au 1001 (qui est la base) tout ça pour faire du chiffre pour la case. Là-bas tu peux braquer des Nike noires et dorées à Covent Garden ou des tennis vert pomme ou des chaussures italiennes écailles rouges de pimp napolitain de bas-étage, tu t’habilles comme tu veux toute manière dans les rues les taudis côtoient de très près les immeubles dont les lofts décoiffent des punks. 60% des jeunes Danois contre 26% des Français voient leur avenir personnel prometteur ; « pensez-vous que l’on peut changer la société ? », 63% des Danois disent oui, 39% des Français le pensent mais pour les Londoniens ça doit être 100% partout ça doit être 1000% tellement les groupies de la Saint Martins et les rock stars de Fleishman Hillard envoient du Bordeau Chesnel de première qualité, tellement des meufs coupent des cheveux à l’arrache dans des appart’ à porte bleu, tellement à Bethnal Green c’est les flics qui te prennent par la peau du boul à 4h dum’ alors que tu discutes de Rimbaud et de Dalida avec Victoire et qui te foutent au lit sans te border…




Dernière soirée Naive New Beaters au 93 qui t’intéressent au début mais te lassent aussi vite, un dj après leur show a balancé un morceau classique des Daft qui nous a cent fois mis plus la pêche, bagel à 80p pack de bières et mecs qui gerbe sur des vélos bâchés hachés, after à Angel chez Lucien l’Ancien Ambition de TTC résonne dans tous les murs et fait trembler la vodka dans les verres, « premier de la classe, sans aller en classe », une razade de plus et deux 38 plus tard je m’embarque pour l’aéroport à 4h30 du mat’, avion pour Copenhague à 7h, arrivée à 10h, j’ai pas eu le temps de fermer les yeux et cette phrase de Booba aspergée à coups de lance-flammes dans le ciel où le soleil se lève et dans mon crâne qui bourdonne encore frénétiquement : « le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt alors je ne dors pas » ; Londres vit elle ne dort pas tu te dis elle aura toute la mort pour ça mais même pendant la mort Londres ne dormira pas et puis même quand elle dormira elle ne dormira pas, papa.


Le papa poto hôte :paf !
L'ambition de Papa One : brra !
L'albam bam Facebook : poum !