25 févr. 2008

Casse-toi pauvre con


Bon, petit post politique, normalement c’est pas vraiment le sujet mais on l’aura toute manière compris par ailleurs, ce blog est à droite alors autant le montrer clairement exceptionnellement. Et puis quoi qu’il arrive quand les spécialistes dépiauteront ce blog dans le futur ils en feront ressortir des thèmes, je sais pas l’Argent, l’Ambition, les Paysages (si si), le Franc-parler, et puis la Droite quoi.

Alors je le dis j’en ai marre des journalistes. On me dira « arrête de mater I-télé et d’écouter France Inter et ça passera mieux », hum, peut-être oui. Mais bref, sans même parler de la Gauche qui remplit son rôle d’opposition en beuglant à tout va (quelque part compréhensible puisqu’on parle du Salon de l’Agriculture), je suis remonté contre ces journalistes qui s’empressent de relayer l’info de cette vidéo où l’on entend :

- Non non, touche-moi pas…

- Alors casse-toi

- Tu me salis !

- Ben casse-toi alors, pauvre con…

Qu’on s’y trompe pas si les journalistes s’acharnent là-dessus c’est parce qu’ils sont les pires capitalistes du monde et ne pensent qu’à une chose, faire du chiffre, du gengen quoi. Et voilà que je me souviens que Rama Yade a traité les journalistes de « charognards ». C’est tellement vrai. Les journalistes sont à l’affut de la moindre info croustillante, info bankable. Si l’info est une bête morte (parce que l’action est passée) le journaliste se rue dessus et n’en extrait que ce qu’il veut. Ce qui est bon à bouffer quoi. En l’occurrence les 10 secondes de vidéo mais surtout pas le contenu du discours qui avait précédé. Or si on s’attache au contenu strict il aurait fallu s’attarder sur l’idée d’inscrire la gastronomie française au patrimoine mondial de l’UNESCO, ou encore autre chose dont j’ai pas la connaissance puisque les journalistes ne l’ont pas relayée jusqu’au Danemark visiblement.

Pour le « pauvre con », eh bien je respecte. Quand un petit merdeux a fait les poches de Bayrou en campagne y a quelques années, le mioche s’en est pris une et puis basta. Là pareil, Président ou pas, il se fait chier dessus eh bien il répond et puis on n’en parle plus on passe à autre choses les mecs. Alors le seul regret qu’on peut avoir c’est qu’il n’ait pas répondu avec autant de classe que Corneille. On se souviendra que quand un badaud avait lancé à Chirac « Connard ! », celui-ci avait répondu « Enchanté ! Moi c’est Chirac. ». Mieux ! Quand un tocard avait envoyé à Mitterrand « Mitterrand, fous-le camps ! », celui-ci avait rétorqué « Rime pauvre ».


22 févr. 2008

Je m'en tape de participer





Je me rends compte à quel point la démarche d’aller à Londres ou à Amsterdam était facile. Je reviens du bout du monde. Les gens se prennent pour des globe-trotters en allant au Mexique ou en Argentine ; quelle clique de petits bras. Je reviens du vrai bout du monde, je reviens d’Esbjerg. C’est bien simple, trois heures de train et les gares défilent, des noms tous plus incompréhensibles les uns que les autres, des villes qui deviennent de plus en plus industrielles, des putains de friches, des putains de cheminées d’usines qui montent jusqu’au ciel et crachouillent des fumées dantesques. Et soudain t’arrives, tu descends, les rues sont vides, les gens n’existent pas, les maisons sont en carton-pâte, grosse ambiance The Truman Show, et au bout du bout de cette ville-région laissée pour morte depuis des décennies, Saint George Kollegiet.

Et je le dis fallait se battre avec des bûcherons du Jutland dans des pubs payants avec nous, fallait lancer des punchlines et des bruits d’animaux à la Seth Gueko dans le pire kebab du centre-ville, fallait s’écrouler sur le trottoir et se faire remettre en place par des Danois qui nous disent qu’on ne fait pas ça au Danemark, et qui en passant ont eu l’échappée belle. Fallait remettre le couvert le lendemain dès 22h bières vins et whisky dans les pupilles avant de les avoir calés dans le foie le crâne et les étoiles qui tourbillonnent sinistrement dans le ciel d’Esbjerg. Enquiller, renquiller, faire défiler les teilles de Tuborg, se foutre à poil, descendre des shots d’un aquavit maronnasse, sortir du Friday Bar juste pour aller vomir, repartir de plus belle, se déhancher sur du Plastic Bertrand jusqu’à ramasser ses os sur le dancefloor, être encore là à quatre heures quand les derniers allaient se coucher prouvant leur petitesse, remettre le couvert face à la tournée du patron, repartir en mer sur Plastic Bertrand, ne pas faiblir face à la teille d’absinthe que le patron ne sort que pour les grandes occasions, que pour les grands clients, que pour les Grands tout court. Finir par complètement oublier le temps et l’espace, n’être plus là que pour boire, pour boire pour boire, comme seule raison de l’existence, comme réponse à tous les mots, à tous les maux mais aussi à tous les plaisirs ; boire comme réponse à tout.

Et puis on a fini par sortir de ce bar où je suis devenu un homme, s’en extirper, sortir à 10h du matin, les yeux niqués par le soleil alors que les mioches avaient déjà les yeux niqués devant leurs dessins-animés matinaux merdiques. Sortir en plein jour, passer d’une seconde à l’autre de la nuit au jour, subir ce moment comme une dernière brutalité douce. Enfin, se réveiller à 17h, alors qu’il fait déjà nuit, le temps d’aller acheter l’alcool de la soirée suivante avant que le Netto ferme, traîner au gala de l’université du coin et effaroucher les Danoises sapins de Noël endimanchées chez Kiabi pour l’occasion historique. Foutre un grand coup de tempête dans cette ville qui dort et qui travaille, et puis s’arrêter parce que tout s’arrête. Le temps de marcher dans les champs boueux sous le ciel orange et les corbeaux qui se baladent en bande de milliers de volatiles pour choper un train et rentrer à Roskilde en souffrant le martyre pendant les trois heures de trajet à cause de la quantité d’alcool ingurgitée en trois soirs fortement disproportionnée par rapport aux deux Mac Do qui ont constitué mes seuls repas du week-end. J’ai entendu « bon tu reviendras » mais je sais pas si ce genre de trucs se fait deux fois, je me demande encore parfois si je l’ai vraiment vécu une fois.


18 févr. 2008

Ma vie un putain de cul de sac


Je suis rentrée de mon travail vers 23h30. J’ai glissé un dvd de Bruce Lee dans mon lecteur après avoir posé ma doudoune noire. J’étais encore un peu en sueur. J’ai commencé à sentir une odeur bizarre, j’ai ouvert ma fenêtre, j’ai vu de la fumée, et puis ça sentait encore plus fort. Y avait eu un incendie une fois pas loin, alors j’ai joué la carte de la prévention. Je suis sortie, mais personne n’était dans le couloir, et je n’entendais encore aucun bruit. Je suis allée frapper à la porte d’Amalie, ma voisine. Elle dormait, elle a mis du temps à ouvrir. Elle avait les cheveux courts, le nez plus large, elle avait grandi. Je lui ai dit de faire quelques affaires parce qu’il y avait quelque chose de louche. En repassant le pas de sa porte j’ai aperçu de longues flammes à travers la porte-vitre au bout du couloir.

Alors avec Amalie on a frappé à toutes les portes de l’étage. Les Chinois nous ouvraient complètement hébétés d’apercevoir une Danoise venir soudainement les déranger, on les a prévenus, y a un incendie faut que tout le monde descende. On a entendu des sirènes se rapprocher. On a continué à réveiller les autres, Flemming, Tim… Rose ne répondait pas. Dimitri est sorti, il avait dû entendre le bruit des portes, un flic a ouvert la porte de l’étage, suivi d’une autre flic, ils nous ont dit de tous descendre le plus vite possible. Dimitri a demandé s’il y avait vraiment besoin de sortir, parce que le feu ne touchait pas l’immeuble, il m’a montré du doigt l’autre bout du couloir, et par la fenêtre j’ai aperçu d’autres flammes, moins libres, beaucoup plus de fumées oranges dans la nuit noire. Je lui ai dit qu’il y avait un autre feu de l’autre côté, qu’il fallait sortir ; j’avais pas vu le second feu, j’ai eu un peu peur, je n’ai pas compris ce qui se passait. Dimitri a demandé au premier flic si les feux étaient criminels ou accidentels, le flic a répondu que c’était criminel. Dimitri a tambouriné à la porte d’Hervé, qui répondait pas, puis au bout d’une minute il est sorti, les yeux fatigués, il devait être en train de dormir. On est tous descendu, en laissant les Chinois qui s’étaient rassemblés à une extrémité du couloir pour prendre en photo le local poubelle qui brûlait.

En bas deux équipes de pompiers arrosaient les feux respectifs, et deux bagnoles de flics étaient garées à côté des camions. Deux fenêtres du rez-de-chaussée avaient été cassées, probablement par de grosses pierres ou n’importe quoi d’autre. J’ai vu deux silhouettes rentrer dans une des voitures. Deux arrestations. Des papas d’origine turque avaient des sandales aux pieds et regardaient les brasiers, comme ils auraient regardé un jeune en scooter percuté par une voiture a un carrefour, ne saisissant de la gravité que l’aspect spectaculaire et inhabituel. Tout était étrangement silencieux. Un peu irréel, on avait l'air d'une assemblée de fantômes ressuscités trop tôt. En bas de l’immeuble, certains étaient quasiment en pyjama, certains avaient eu le temps de boucler un sac avec des affaires dedans. Au bout d’une vingtaine de minutes les feux étaient maîtrisés, la situation apparemment contrôlée. Les flics nous ont dit qu’on pouvait remonter nous coucher. J’ai parlé un peu avec les gens de mon étage avant de rentrer dans ma chambre. J’ai pas pu dormir tout de suite, j’étais au courant des émeutes depuis une semaine dans Copenhague, mais voilà on croit toujours que ça arrive aux voisins.

Le lendemain en partant au taf deux équipes de journalistes attendaient au bas de l’immeuble, ils m’ont interviewée, m’ont demandé si j’avais eu peur, si je savais qui étaient les coupables, j’ai répondu non à beaucoup de questions, je voulais juste savoir le nom du journal. Ils m’ont pris en photo alors que de si bon matin j’étais vraiment pas belle. J’ai pas vraiment d’idées sur cette histoire des caricatures, j’aime pas trop les étrangers en tout cas, je suis pas raciste, juste je les préfère chez eux, ici on est bien sans eux, je veux pas que ça change. Mais voilà, maintenant j’ai peur de prendre le train et le bus, je me souviens de Londres et de Madrid, même si je sais pas si la situation est la même. Et ce soir, j’attendrai minuit pour savoir si les casseurs ont décidé de remettre le couvert. Je vous tiendrai au courant.

9 févr. 2008

Je veux peser, baiser me reposer


Deux vieilles danoises tambourinent à ma porte alors qu’en écoutant Grödash à fond torse-nu devant ma glace je répète les rudiments de boxe française que mon reup m’a appris ; j’enfile un tee-shirt qui traînasse sur mon lit leur dis « Ca va les vieilles » elles comprennent pas prennent la parole enclenchent tout une tirade sur Dieu la Création me montrent un magazine qui looks good mais je vois marqué en petit dans un coin « Why do so many believe in evolution » et moi en fait on me l’a fait pas à moi j’ai pas le temps de me faire entuber.. Au bout d’une minute tombe la question « tu te poses des questions un peu sur ta vie ou autre…? », je rétorque « Non désolé en ce moment je suis dans une période où je trouve moi-même les réponses aux questions que je me pose », claquage de la porte vous allez voir mon voisin mais traînez plus trop devant ma porte le terrain est miné et puis voilà. Si les punchlines du genre « Ton 1er slow ? Nique sa mère on danse pas l’ slow, À 13 piges on veut des putes qui sucent direct et du clash flow ! » ça t’intéresse voilà le MySpace de Grödash avec « Charme du ghetto » en download !

Un truc tout con (j’adore dire ça en ce moment ça pardonne mais fait quand même passer la pilule) mais j’ai découvert Sébastien Tellier là, j’entends plus en profondeur. Et il m’est apparu que ce mec est tout simplement la réincarnation de Michel Berger, c’est comme si Michel n’était pas mort, comme s’il avait continué et comme s’il n’avait jamais décliné, comme s’il était à la mode aujourd’hui. Mais attention je le dis si Sebastien Tellier est à la mode aujourd’hui je prédis que Michel le sera demain, lors de la vague Johnny. J’écoute La Ritournelle et ça me fait penser à la musique de Tout feu tout flamme fait par Michel. Benny ? Un côté La groupie du pianiste. La Dolce vita est une sorte de réponse à Seras-tu là en fait et ça un peu chouiner. Donc si Sébastien Tellier t’intéresse t’as des morceaux et t’en trouveras d’autres ; pour réécouter Michel ce sera ici.

Je me suis maté l’entrée de Johnny au Parc des Princes en 93 puis j’ai terminé avec la dernière émission de Pascal le Grand frère aka Le Granf’ et je trouve cet épisode beau. Une belle œuvre quoi, vraiment. Tout y est, le mec de 19 ans au lieu de la chouineuse de 16 ans avec qui c’était trop facile, la Belgique non plus la France pour donner un côté un peu irréel et surtout pour l’accent, le mec qui frappe sa belle-mère, le suicide, le diabète, là c’est l’avalanche. Et puis la boxe pour repousser ses limites, le gosse de huit piges au volant de bolides, la star de football belge et les larmes à la fin comme presque à chaque fois en fait. Les filles qui font forwarder sur Facebook des photos de Sierra-léonais en train de crever la dalle et qui sont dans des écoles de sages-femmes te disent souvent que demain est un autre jour mais au fond ce que t’apprend Le Granf’ c’est qu’une fois que t’as pris ta vie en main demain va être le même jour, mais le même jour en mieux.

4 févr. 2008

Je dors plus même quand je dors


Une meuf de gauche de la Saint Martins en vient à me dire « non mais tu vois puisque tu dis ça t’as tort tu vois », je lui réponds « écoute je vais être clair j’ai pas le temps d’avoir tort ou d’avoir raison j’en suis déjà à l’étape suivante à peaufiner ma réflexion ma création ». C’est comme ça Londres en fait, tu marches à 100 à l’heure dans les rues tu paumes un bouton de ton caban tu t’arrêtes pas pour le ramasser, t’oublies un pull à une soirée à Shoreditch tu t’arrêtes pas pour le récupérer, tu t’arrêtes jamais sinon tu meurs papa. Je reviens de la ville qui défouraille au napalm, qui dézingue au cyanure, qui décape au karcher, je me disais putain mais ils sont tous cokés à avoir la bougeotte à pas rester en place mais j’ai été contaminé en à peine 24h, rafales de bastoss’ sonores en soirée à Bethnal Green, coups de fusil à pompe dans les tempes le lendemain au réveil mais tu traînes pas au lit « on n’est pas back dans les bacs parce qu’on n’est jamais partis »… En 4 jours deux Anglaises m’ont recalé j’ai séduit une Française mais l’ai zappée ensuite, une Française m’a intrigué je me suis découvert une amie je me suis mis une douzaine de personnes sur le dos, tu verras 60 photos dans mon album Facebook Londres mais sache qu’il y en a 300…




Séjour complètement pump it up dans les coins mainstream couilles gelées devant la House of Parliament et dans les bas-fonds dégueulés de Brick Lane quartier qui fait semblant d’être dangereux où des renois patatent des blancs effarouchés au 1001 (qui est la base) tout ça pour faire du chiffre pour la case. Là-bas tu peux braquer des Nike noires et dorées à Covent Garden ou des tennis vert pomme ou des chaussures italiennes écailles rouges de pimp napolitain de bas-étage, tu t’habilles comme tu veux toute manière dans les rues les taudis côtoient de très près les immeubles dont les lofts décoiffent des punks. 60% des jeunes Danois contre 26% des Français voient leur avenir personnel prometteur ; « pensez-vous que l’on peut changer la société ? », 63% des Danois disent oui, 39% des Français le pensent mais pour les Londoniens ça doit être 100% partout ça doit être 1000% tellement les groupies de la Saint Martins et les rock stars de Fleishman Hillard envoient du Bordeau Chesnel de première qualité, tellement des meufs coupent des cheveux à l’arrache dans des appart’ à porte bleu, tellement à Bethnal Green c’est les flics qui te prennent par la peau du boul à 4h dum’ alors que tu discutes de Rimbaud et de Dalida avec Victoire et qui te foutent au lit sans te border…




Dernière soirée Naive New Beaters au 93 qui t’intéressent au début mais te lassent aussi vite, un dj après leur show a balancé un morceau classique des Daft qui nous a cent fois mis plus la pêche, bagel à 80p pack de bières et mecs qui gerbe sur des vélos bâchés hachés, after à Angel chez Lucien l’Ancien Ambition de TTC résonne dans tous les murs et fait trembler la vodka dans les verres, « premier de la classe, sans aller en classe », une razade de plus et deux 38 plus tard je m’embarque pour l’aéroport à 4h30 du mat’, avion pour Copenhague à 7h, arrivée à 10h, j’ai pas eu le temps de fermer les yeux et cette phrase de Booba aspergée à coups de lance-flammes dans le ciel où le soleil se lève et dans mon crâne qui bourdonne encore frénétiquement : « le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt alors je ne dors pas » ; Londres vit elle ne dort pas tu te dis elle aura toute la mort pour ça mais même pendant la mort Londres ne dormira pas et puis même quand elle dormira elle ne dormira pas, papa.


Le papa poto hôte :paf !
L'ambition de Papa One : brra !
L'albam bam Facebook : poum !