J’ai fait un rêfe cette nuit. J’avais des boutons plein la gueule. Je portais des Nike requin, un blue jeans avec tout près de la poque droite, trois signes chinois brodés en rouge, voulant dire « Made in China », mais ça je le savais pas. C’était un matin, je m’étais levé plus tôt pour me raser les caveux devant la glace de ma salle de bain. Fini les pics de caveux au gel Vivel Dop fixation extrême. C’était plus bon que pour mon petit frère qui allait au collège Jean Macé, à Lille Sud. J’avais mis Eminem à fond dans ma turne, c’était un gros que je comprenais, ses chansons me parlaient, même si je parlais pas Anglais.
Avant d’aller commencer mon traval à Speed Burger, rue Gambetta, j’étais allé prendre un verre et in neuche eud’ viante avec des amis au Pare-brise, rue Natio (Rue Nationale). Gilles avait le cafard, sa gerce l’avait laissé sur le bord de la route, elle était parti avec un motard du 62 ; ça nous foutait tous les boules pour sûr, mais allez, fallait pas se laicher abatte. Puis j’étais allé bosser. Oh, moi livreur de hamburgers c’était pas ce que je voulais faire toute ma vie ; je voulais faire de la pêque au large d’Ambleteuse. Quitter mon bombers Schott NYC et le kebab Chez Dounia rue de Douai, pour la vareuse et la poiscaille.
J’avais deux potes arabes mais mon père les aimait pas.
Le soir – c’était vendredi- Gilles nous avait tous conduits en Belgique, pour qu’on sorte en boite. Dans la carrette on avait bu des bières Koenigs et des flasques de Whisky. Pour l’occasion j’avais mis une veste de costard acheté chez Jules ; sapé comme un milord. Ma man avant que je parte m’avait pris en photo avec l’appareil numérique. J’avais chauffé une zouz là-bas, elle s’appelait Jeanine. Mais bon on s’était juste roulé des pelles, vu que j’étais quand même maqué. J’avais vomi, Gilles s’était quand même mis une fessée, on était tous rentrés en carrette. J’avais trébuché dans la pendule du salon en rentrant chez moi, mon père s’était réveillé, je lui avais gueulé dessus, il m’avait dit que c’était pitoyable de mener une vie comme la mienne, il m’avait dit qu’il n’était pas fier de moi, qu’il ne savait pas ce qu’il avait raté dans mon éducation. Il s’était mis à braire. Je l’avais traité d’enculé et j’avais claqué ma porte, pour m’affaler sur ma couche sans me laver ni la guiffe ni les dints.