22 mars 2008

Au nord c'est pas les corons




T’as forcément maté les photos de mon post précédent et tu t’es mordu les doigts au point d’être passé pour un lépreux vendredi soir au Bataclan. Tu t’es mordu les doigts en te disant putain mais qu’est-ce que j’ai foutu à perdre mon temps à frimer à NYC ou au Machu Picchu duquel j’ai rien appris.

J’ai pas envie d’enfoncer le clou mais fallait quand même qu’au-delà des photos j’en parle un peu. C’est quoi Skagen ? Skagen c’est dans le Jylland, c’est la ville la plus au nord du Danemark. Le Danemark en gros c’est le Sjæland à l’Est où t’as Copenhague et Roskilde, puis c’est Fyn (la Fionie) au milieu et à l’Ouest le Jylland, prolongement péninsulaire de l’Allemagne, du continent. Ce qui fait donc que si on oublie la Grande Bretagne qui ne fait pas partie du continent, et les autres pays scandinaves qui au fond sont juste une vilaine excroissance géographique, Skagen est la ville la plus au Nord du continent européen. Le Jylland c’est une longue et large langue de terre qui s’enfonce entre la Mer du Nord et la Baltique, pointée droit vers le Nord, droit vers le pôle. C’est pour ça qu’une fois que t’arrives tout en haut, à Skagen, que tu progresses doucement dans les 45 minutes de sable, de galets, de dunes et de blockhaus qui te séparent du top of Denmark, tu frissonnes. Tu frissonnes pas parce qu’il fait froid, parce qu’il fait moins froid qu’à Copenhague pourtant plus au sud, et plus beau. Tu frissonnes parce que c’est un des rares endroits de la terre qui signifie quelque chose ne serait-ce que par sa géographie. Tu frissonnes parce qu’à chaque pas que tu fais, tu t’aventures plus au Nord, plus au Nord que tu ne l’as jamais été encore.

T’as ton appareil, tu mitrailles pire qu’à la grande époque de Bassorah, mais tu sais pas vraiment quoi prendre en particulier. C’est plus Skagen, la station balnéaire en vogue fin XIXe et dont les peintres scandinaves étaient friands. Grenen. Nom tout aussi clair, « tree-branch », Gren en Danois. L’endroit le plus septentrional. Tu croises deux ou trois touristes allemands qui ont quelque chose de différent dans le regard et que tu comprendras qu’une fois revenu. T’aperçois cachées dans les dunes une, deux maisons de bois, orphelines, aux murs noirs éclatant, marron foncé, au toit rouge, rougi, tu serais obligé de te baisser pour passer la porte. Tu dépasses le phare imposant et le drapeau Danois qui flotte fièrement et t’es fier avec lui, se dévoile alors la dernière partie de la pointe. Alors qu’au début de la plage t’apercevais confusément des tâches blanches mouvantes au loin, au Nord, là tu comprends, c’est les vagues incessantes, pas grosses, mais profondes, entraînantes, lourdes, faites des courants des deux mers, la Mer du Nord à l’Ouest, ce monstre horizontal, et la Baltique à l’Est, apprivoisée mais drue. Tu marches de plus en plus vite, presque plus de végétation, presque plus de galets qui n’ont pas résisté aux vents perpétuels, mais des lacs rescapés de la dernière marée ou preuve de l’humidité des sols à cet endroit précis du Danemark. Tu continues de marcher dans le sable, c’est difficile, tu perds parfois l’équilibre et tes pieds sur la plage font le même bruit que tes moon-boots dans la neige à Méribel parce que tout est lié. Tu commences à sérieusement plier les yeux, trop de soleil, dans le ciel, en fresque intégrale, sur l’eau, qui scintille, qui éblouit, t’as le regard aiguisé ça y est ton visage se transforme. Le tracteur et sa remorque de touristes repart, tu te dis qu’ils auraient pu faire le chemin à pied pour comprendre, mais tu trouves que ce tracteur qui zone au point le plus au Nord de l’Europe il a de la gueule alors tu le photographies aussi. Les gens deviennent plus rares, le vent te soulève petit à petit, et comme trop vite, t’y es. Comme sur la proue d’un bateau terrestre, comme au bord d’une falaise, comme à bord d’un avion. Les deux mers jouent leurs grands mouvements, tu t’approches encore un peu, pour être encore un peu plus au Nord, pour être l’homme le plus au Nord de l’Europe pendant quelques secondes. Tu gonfles la poitrine et lève un peu les bras au ciel, comme pour aller encore plus loin. Comme dans Titanic ouais, sauf que là t’es en train de le vivre et que t’as pas une chieuse à côté de toi. Les minutes passent et tu regardes la mer, les mers, ton regard devient bleu comme elles, tu deviens la mer toi-même, t’existes plus vraiment, ou t’as jamais existé de la sorte. Tu te blottis dans le silence et tu fais plus rien.

Puis une demi-heure plus tard tu repars, parce qu’il le faut bien. À contrejour les gens présents ressemblent à des soldats de plombs, des marionnettes de la Nature, sombres et brillantes. Les mini galets par milliers en bataillons d’insectes qui se ruent sur tes pieds et sur les nuages passagers te font comprendre que t’es même plus sur Terre, mais plus haut encore. Tu rentres à Skagen en traversant les dunes aux cheveux blonds et ton crâne brûle encore d’une réalité qui charge toute ta tête sans que tu le veuilles : tu reviendras. Tu reviendras parce qu’il s’est passé quelque chose, entre Grenen et toi, entre les mers et toi, tu gardes ça en silence, t’en dis pas plus, tu reviendras. Au Nord c’est pas les corons, c’est Skagen, puis Grenen, et rien d’autre. T’es aimanté t’as plus le choix, et t’aimes ça. J’aime ça.

15 mars 2008

La planète à plat ventre


Post lambda sur ce blog immortel.

Après avoir maté pendant une demi-heure des photos de Micky Green sur Internet, j’ai décidé de l’adder à mes potes sur MySpace. Et elle m’a accepté. T’sais genre dans ces moments dans ces situations tu perds toute rationalité tu te dis je ne sais pas elle va peut-être me zapper même si comme tout le monde elle accepte n’importe qui. Bref elle est blonde, elle a fait du mannequinat mais juste pour passer le temps et se faire du khalis pour avoir du biff plein les valises (j’aime tellement l’esprit), elle a genre 22 ans, elle est Australienne mais parle Français (dans un accent qui direct te plaque au sol) et limite vit à Namap. J’ai plusieurs projets pour les 10 années à venir, eh ben je viens d’ajouter à la liste serrer Micky Green.

Ici, le dernier coup d’éclat de TF1 avec un épisode du Granf’ d’une violence rare et pointue. Au menu de ce soir un rapport mère-fils complètement saignant à base d’esclavage filial moderne et cette pensée : en lisant Zola on tombe sur des situations familiales similaires mais on les voit à travers le carreau de la littérature, là où TF1 fait fort c’est qu’on se le prend dans la gueule sans aucun style et que c’est la réalité pas des pages cornées dans la petite poche de ton sac de rando. Bon à part Foucauld personne cliquera sur le lien toute manière alors en compensation soignée cette vidéo que Coline m’a passée où un étudiant se retrouve victimisé par toute sa classe ambiance taloches sur le haut du crâne et tête baissée.

Micky Green trop belle pour toi, ta mère qui mange ses pâtes seule dans sa cuisine tous les soirs sans sauce ni parmesan et puis ce post-adolescent dans l’impasse tout ça ça me fait penser à Dieu. Y en a qui pensent que Dieu existe un Dieu catholique tout beau tout propre et je respecte, y en a pas folle la guêpe qui croient pas en Dieu et je respecte aussi mais la vérité c’est que Dieu existe, que Dieu est même partout. Sauf à sa place.


6 mars 2008

Arrête de geindre ici c'est la jungle


Rével à 15h aujord’hui, j’oufe les volets, rues grises, un enfoiré de vieux boteux passe sur la place du beffroi, je tends les bras par l’ feniête, mime le geste d’un flingue et fais semblant de l’abatte. Coup de déo, rasage de près, après-rasage, parfum Ice men de T. Mugler, crème hydratante pour soigner mes restes d’acné. J’enfile un survet’ et un cuir, claque la porte de ma piaule, aperçois seusœur en travers de la porte de sa champe polly pocket, son poster Star Club de Janet Jackson me débecte, je lui dis viens voir, elle rapplique derechef, je lui balance une taloche elle m’engueule je ris je lui dis woh ça va… calmement… J’agrippe les Smacks dans la gargotte dis pas bonjour aux parints, engloutis des tartines qui traînent sur la toile cirée ; ma mère me demande où je vais je réponds en ville elle me demande si je vais rentrer tard je suis déjà sur le querpillon.

C’est les vagances. On va prendre un jus avec Stéphane et Eric après le déjeuner ; Georges le patron, un pote de mon père ils jouent au Tiercé ensemble, nous délivre trois chirloutes, on parle un peu de sexe normal, Riké a la rage sa blonde refuse la sodomie pour le moment, il nous dit qu’il a le seum sa première sodo c’était à 14 ans au camping de Blanc-Nez. Georges nous lâche des chopes, d’autres chopes. 16h, on sort du bistrot, boulis comme des coings. Je zone dans le centre-ville avec mes zincou, on rôde en ville chez les miroulles ; Stéphane à décroché un transistor chez son pépère, on fout la street-tape des Amateurs à fond rue de Paris et devant le Subway ; au loin on aperçoit une bande de bourgeois des enculés qui font des études et viennent de Paris, on fonce sur eux en courant et en braillant, ces bolosses sursautent et se mettent à rire, au passage Riké se prend une balayette dans la cuisse on se fout un peu de sa gueule.

J’ai ramené mes potes à la baraque, encore gris, engueulades, on s’est enfermés dans ma chambre pour jouer à PES. Mais j’ai vite calmé le jeu, viré mes couillons. Obligé de baisser les armes avec le daron pasque ça joue à Bollaert ce soir Lens contre Nantes en coupe de France mon daron est né lo-bas alors on va soutenir les petits frères du voisinache. On se couvre tous les deux de sang et or et retrouve de la famile. Le match n’est pas grandiose il se passe rien pindant la première mi-temps. Mais à la mi-temps je me suis retrouvé péteux, pendant qu’on cantait Les Corons mon vieux a mis sa main sur mon épaule et m’a ratatouïé un truc genre « Je t’aime fort mon fieu »… Je l’ai regardé et j’ai vu qu’il avait les z’yux plein d’eau ça m’a foutu un sacré coup. Y s’y prind comme un balochard mais bon au fond de moi je l’aime bien aussi. La soirée s’est finie dans les frites et les canons de bière. Demain faudra que je taise cet épisode paternel à mes frérots ils risqueraient de se foutre de ma guiffe, pire il se pourrait qu’ils aient vécu la même.