28 nov. 2007

J' suis Dieudonné en plus foncé


Dans le rap y a de tout, d’abord les premiers, ceux qui écoutent Sky depuis qu’ils ont huit ans, qui vivent à Balzac, dealent un peu de teu teu, vont trois jours sur six en cours, pour gueuler sur la pauvre fonctionnaire jetée dans la BS (banlieue sud) parce qu’elle débute. C’est des mecs qui se baladent avec une mini lame dans la poche droite, qui pour les plus gaillards ont déjà lancé un ou deux gravillons sur une voiture de flics qui se tirait déjà à 200m devant eux. Ils kiffent LIM, la Mafia africaine, le Peur’snaï au début et tout morceau dans lequel on entend « ça vient de la rue » et « I’m still Jenny from the block », ou bien des appels à la révolution ambiance Pagaille de La Brigade, ou Qu’est-ce qu’on attend de NTM. Mais c’est normal ils ont pas une vie facile.

Dans le rap ensuite y a les deuxièmes. Ils vivent en banlieue classique, rapidement embourgeoisée. Eux ils ont oscillé entre Max et Difool, mais ont vite fait leur choix en découvrant « le problème du mois ». Ils vont à l’école dans un lycée public, se font pote ou non avec les deux ou trois méchants de la classe. Ils ont lâché quelque larmes un soir en écoutant Mystère & suspense, sans vraiment savoir pourquoi ; mais c’était parce qu’ils avaient jamais vécu les paroles et les vivraient jamais. Leurs parents ont fait la gueule quand ils commencé à porter des Requins. Ils kiffent le rap mainstream, les groupes classiques, le 113, Rohff, tellement classiques que toi tu connais pas, tous les albums, les mixtapes etc. Ils peuvent pas aimer Booba, ça détruirait la crédibilité que certains veulent avoir.

Dans le rap y a les troisièmes, qui n’avaient pas vraiment de potes quand ils étaient au collège, qui ont commencé à sérieusement traîner sur Internet dès la seconde. Ils étaient ni bons ni mauvais à l’école, ils ont passé leur temps libre sur leur console et sur le net, sur des forums obscurs, ils ont fouillé Internet, ils ont vécu Internet. Aujourd’hui ils font du rap étrange, ont des blogs ou sont un peu dj. Ils aiment Fuzati La Caution et Cuizinier, Lunatic, Time Bomb, tout ce qui existait avant la B.O de La Haine. Ils aiment les trucs underground mais surtout pas les groupes mainstream, ça affaiblirait leur crédibilité de ghetto nerd qui s’y connaît. Ils se vengent aujourd’hui, des années difficiles, en te foutant la honte si tu connais pas tel ou tel titre. Dur dur.

Enfin dans le rap t’as les gens comme moi. Aucune street cred’, aucune skills cred’. À douze ans j’écoutais pas Lunatic, c’était encore ma mère qui choisissait mes pompes. On vient pas d’une cité je suis même pas sûr qu’il y ait des HLM dans ma ville de banlieue chic. On a acheté trois quatre Radikal en seconde mais en dilettante. On s’est aussi essayé au tag mais quand de vrais crews de graffeurs ont voulu nous attraper on a posé nos Poska direct. On n’a pas besoin d’avoir de crédibilité, on n’habite pas à Gargenville et on écrit encore moins les posts hip hop de Fluokids. On est des auditeurs décomplexés, on a le droit d’aimer Seth Gueko, on crève de faim en attendant le prochain album de Booba dont nos gosses devront apprendre les paroles en cours de Français. On n’a pas vu Les Affranchis mais on est affranchis c’est pour ça qu’on sait qu’on est quelque chose comme les prochains.





(*Despo Rutti - 3 millions)

22 nov. 2007

T'inquiètes les 3/4 sont des pédés


Je viens de lire un article sur un webzine fashion ; à propos de Facebook. L’article nous dit que MySpace c’est le bonheur alors que Facebook c’est l’horreur. MySpace c’est pour les teubés alors que Facebook c’est pour les lumières. Ca pourrait être entièrement relativisé. Alors rentrer dans le débat je m’en balance, mais tout de même.

Evidemment tout d’un coup les mecs et les meufs qui se prenaient pour les Rois de la night se rendent compte confrontés à des gens qui ont fait des études, qu’au-delà de trente ans rentrer au Baron comme papa dans maman ça sert plus vraiment à grand-chose ; ils en viennent même à se demander si ça leurs a vraiment servi un jour. Une meuf débarquée de MySpace se prendra donc très souvent de grosses claques sur Facebook. Je lisais un jour une phrase moqueuse du genre « et il en est où le binoclard du premier rang en seconde ? », sous-entendu quand je tape amicalement sur l’épaule de mon meilleur négro Teki, l’ancien binoclard doit se faire chier à la campagne avec ses parents et ne même pas connaître les Gentlemen Drivers. Ben j’ai la réponse pour les meufs débarquées de MySpace, le binoclard du premier il en est qu’il sort d’HEC là, et vient de tréren dans une grosse boite d’audit internationale. Alors que toi ben, tu sais pas vraiment, t’essaies de faire un peu de musique, et puis du graphisme aussi, mais t’as des tonnes de projets et tu connais du monde à Paris.

Alors je défends pas non plus Facebook (ni les mecs qui sortent d’HEC). J’y ai débarqué aussi après MySpace, en m’inscrivant avec une amie de mon école, j’y ai zoné pendant six mois sans vraiment saisir le concept. Puis je me suis pris au jeu, j’ai de plus en plus voulu peser en roro sur Facebook. J’ai commencé à mettre des status de plus en plus puissants, j’étais loin devant les mecs qui mettent quatre heures à accoucher d’un « Machin is at home ». J’ai ajouté tout et n’importe qui, des mecs que j’avais vu deux trois fois en seconde, d’autres vaguement croisés en soirée. Bref des inconnus, mais le chiffre montait ! 300, 400 potos… Je suis parti au Danemark pour les études, trop la classe d’avoir déserté le pays, d’être international. Quand mon amoureuse est venue sur Facebook, j’ai fièrement ajouté son nom à côté de « in a relationship with » ; le truc dont j’étais vraiment le plus fier pour le coup. J’ai fait le snob en allant jusqu’à mettre que j’étais ni « other » (socialiste) ni very liberal (sarkozyste), mais moderate, Villepiniste, Strauss-Kahnien, Bayrouiste, la classe quoi. J’ai mis dans quelle école j’étais, par où j’étais passé, parcours de rêve.

J’ai multiplié les applications, la mappe monde pour frimer en montrant que j’avais vécu dans deux pays, et voyagé dans tous les continents, la friend wheel pour que les gens re comprennent bien que j’avais des potes, qu’ils étaient tous plus ou moins liés les uns aux autres, les surnoms, pareil, 28 personnes m’ont nicknamé je te raconte pas la classe, j’étais donc intime avec autant de gens ! J’ai créé des albums photos où j’ai taggé plein de potes, tout devenait concret non mes potes en étaient de vrais, on passait des vacs ensemble. Je me suis fait un top friend, mes khôs m’ont ajouté… La crème, je me suis ajouté aux meilleurs groupes, des trucs qui faisaient frais, des trucs que quand tu lisais « Dimitri D. joined the group nia nia », tu te disais merde je connais pas, c’est quoi ce truc de fou.

L’apothéose ça a été quand j’ai commencé à créer des groupes. J’invitais mes 400 amis et le groupe prenait de l’ampleur, 1,000 membres et au-delà ! J’étais connu sur le Net tain.

Mais Facebook, qu’on soit à Normale ou rédacteur chez Brain, c’est un piège ; en ce moment la mode dans les groupes c’est d’utiliser le fonctionnement du site pour gueuler contre le fait qu’on va utiliser les photos qu’on y publie, les infos qu’on y rend publiques. Ben j’ai envie de leurs dire les mecs, que vous ayez pesé ou pas, que ce soit important ou pas, faites comme Amaury, tirez-vous de là. Moi je m’arrache avant la fin de l’année, c’est décidé. J’ai tout pillé je suis respecté sur le site, le Duc de Facebook, alors je vais me trouver un autre site pour une fois de plus commencer en bas de l’échelle, et tenter de tout kicker avant mes trente ans.

Toute manière le meilleur truc à faire, c’aurait été de pas s’inscrire. Big up à Olivia.


(*Booba - Garde la pêche)

19 nov. 2007

Mon hall passe avant tout


À mon étage, y a un Chinois qui se balade en pyjama Mickey et chaussons DBZ, qui parle pas vraiment Danois, qui parle pas vraiment Anglais, qui distribue des journaux à vélo à 4h du matin, qui apprend à conduire sur son ordinateur, qui se mélange pas vraiment.

À mon étage, y a un Danois de dix sept ans, qui ressemble à Erwan de Secret Story, qui nous vole notre bouffe, qui s’enferme la nuit avec ses potes, pour braquer les frigos et les placards à provisions, qui trimballe un chien et une petite amie ; qui se fait virer par un agent de l’Etat.

À mon étage, y a un Camerounais qui étudie l’informatique, dîne à 22h tous les soirs, est passionné de football, qui se méfie de plus en plus de l’industrie musicale occidentale, qui écoute RFI, qui est le seul francophone du coin, qui rigole à mes blagues.

À mon étage, y a un Chinois qui nous fait croire qu’il s’appelle Michael, qui met des tongs et des shorts de basket, qui est passé chez le coiffeur la semaine dernière, qui cuisine des travers de porc en écoutant de la cheap pop music, qui parfois va jusqu’à chanter ce qu’il écoute.

À mon étage, y a un Danois bodybuildé qui bosse dans la finance et gagnera de l’argent un jour ; un Danois nommé Flemming qui mange des saucisses dans la cuisine, deux Thaïlandais que j’ai croisé une fois en trois mois, une Danoise pas très belle, habillée par Pimkie.

Quand quelqu'un sort de la Cryptonites, quand j’en ai marre de ces braves gens, je fais un saut à RUC voir mes potes Erasmus, je travaille sur l’identité européenne, je bois un peu, je lis Le Monde d’avant-hier ; mais je reviens toujours.


(*Alibi Montana feat. Sefyu & LIM - Honneur aux ghettos)

14 nov. 2007

On est wanted depuis la naissance


J’ai failli crever de faim ces derniers jours. Problème de transactions financières Versailles / Copenhague. J’imaginais déjà les titres des journaux chez vous en France « Un étudiant français mort de faim au Danemark » ça aurait vraiment été la tristesse ; un peu comme quand Aimé croit qu’il va mourir à cause d’un empoisonnement aux champignons dans H : « Allez ciao putain… ». Voyant le truc venir, sachant quand mon argent tomberait et voyant mon frigo désespérément vide j’ai cherché des moyens de me nourrir. Le premier truc connu ici c’est de ramasser les canettes et bouteilles de bières. Alors je l’ai fait, à chaque soirée en skred quand tout le monde était déchiré j’ai récolté les cans et les ai foutues dans mon sac. Mais ça faisait pas assez, alors je suis parti de chez moi un soir avec mon sac à dos et trois sacs de courses, j’ai fait ça de nuit pour pas me taper la honte. Enfin je suis allé au Netto pour échanger ma marchandise contre du gros gen gen, mais en fait c’était du tout petit gen gen, j’avais récupéré que 32 putain de kroner.

J’ai cherché autre chose donc et c’est imprégné de culture versaillaise que j’ai commencé à faire la manche. Mais une manche classe attention, pas une manche de pédé. J’ai posté des petits mots dans toutes les mailbox de ma neighbourhood le message était simple : “I’m a Parisian student in Denmark and because of a money transfer problem I am in need of food, I’ll make a collection of food tomorrow, be ready to give!”. Le lendemain je suis passé. On m’a claqué cinq fois la porte au nez, une fois des ados m’ont filé des légumes surgelés parce que leurs renp’s n’étaient pas là. J’arrive devant la maison suivante, la mère de famille me lâche trois bonbons, des réglisses. Je lui dis putain mais j’aime pas les réglisses, je crève la dalle tu comprends ?! Elle me répond qu’elle n’a que ça, je l’engueule, son mari rapplique, s’en mêle, je le pousse, cet enfoiré me met une branlée (j’avais perdu du poids). En me barrant je ramasse deux caillasses dans leur jardin et les balance contre leurs vitres, puis trace en courant comme un lâche.

Le ventre troué je décide de rentrer en délinquance. J’ai arraché des vieilles. La pire délinquance, la délinquance minable, crasseuse quoi. En le faisant je flippais encore plus que les vieilles peaux que je braquais mais bon. J’ai tiré quatre sacs à main en tout, la dernière j’ai un peu dérapé cette teubée lâchait pas son sac merdique alors je l’ai poussée, elle a pas trouvé mieux que de tomber sur le pavé et de saigner du crâne en chialant. Résultat des courses : 560 kroner. Ca me suffisait largement mais j’ai pris goût au truc, une nuit j’ai balancé de gros caillasses sur la vitrine d’une pompe à essence, mais la vitre était doublée du coup en insistant j’ai fait trop de bruit ; au moment où je réussis à rentrer je m’ouvre le mollet sur des bouts de vitre, une alarme retentit, j’entends la-sirène-des-flics-à-l’Américaine, je décide de partir sans demander mon reste, mais en boitant et tachant mes Fred Perry quoi.

Depuis j’ai reçu ma thune j’ai fait mes courses bref tout est rentré dans l’ordre. Avec la thune des mamies ben je m’enchaîne Burger King sur Burger King et d’ailleurs, je commence à avoir un peu mal au ventre. « Essayer d’être riche en trichant » (Booba).


ALB - CV 209


ps : dorénavant je mettrai la source de mon titre de post ; ça évitera les scandales et surtout je me persuade que ça donnera du style.
(*Booba - Interview Couvre-feu avant clash contre Sinik)

9 nov. 2007

Les yeux bleus à cause des gyrophares


Hier, on se l’est jouée Danois. On a foncé på Netto s’acheter un pot de gel fixation béton. On est rentrés se préparer, sur le chemin on a croisé des petits tecktonik plus blonds que de la Turborg en pack de 6. On a bien étudié leur dégaine, puis on a racketté leurs sappes.


Hvad hedder du ?
(« Tu t’appelles comment ? »)
Kasper (“Kasper”)
Okay, you have good music in your cellphone? (“T’as du gros son de taulard dans ton 06 ?”)
Huh…Ja ?... (“Heu… ouais ?...”)
José ne loupant jamais une occaz de se la jouer ghetto a conclu subtilement :
Okay so you gon’ give it to us mutha fucka! (“Dans ce cas on va se permettre de te l’emprunter”)


On s’est habillés pour sortir. Pour l’ambiance on a mis un peu de musique : Gala, Cher et Eiffel 65 à fond. J’ai mis un jeans blanc bien slim, j’étais vilain dedans avec mes jambes rachitiques et mon mètre quatre-vingt dix. J’ai mis des Reebok montantes blanc sale, en prenant soin de laisser dépasser la languette ; on l’a fait à la Danoise. J’ai mis la ceinture de Kasper, noire avec des clous, puis un tee-shirt moulant noir avec écrit dessus en rose fluo « Garde la pêche » (en Danois), enfin un sweater à capuche noir, pour alterner avec le jeans. Une fois tous sappés on est passés à la salle de bain. On a mis des bandanas autour de nos cous. Flavius et Ansgar ont les cheveux courts, ces salauds ont pu se faire une crête bien huileuse. Avec ma coupe j’ai pu tenter le Super Banco comme sur Inter : mèche plaquée sur le front par une fiévreuse couche de gel, cheveux à l’avant du crâne aussi plaqués qu’un rabzouz par un flic ou que moi par Micheline en 5e. À l’arrière du crâne, cheveux en l’air avec des pics. Ce qu’on n’avait pas prévu c’est qu’on aurait l’air con dans des fringues rackettées à des gamins de 17 ans.


Bref on a pris le train pour København (Copenhague) en tisant des Tuborg. Dans les bandes de jeunes Danois, y en a toujours un seul qui est maqué. Le mec sérieux. J’étais celui-là, mes potes étaient des Danois lambda, des mecs qui partent à la chasse juste pour un soir. Flavius et moi avons trébuché en descendant sur le quai, mon slim blanc a glissé découvrant mon boxer vert pomme acheté chez Urban Outfitter. Sur le chemin vers Culture box on a bu les bouteilles de Sonelli en écoutant la musique des portables chourrés aux chiards. On a passé une demi-heure dans la boite assis en bande autour d’une table basse à se faire violence en ingurgitant une bouteille de vodka. Danmark en nous. Des meufs nous jetaient des regards furtifs, j’ai vu mes potes faire pareil. Au bout d’une deuxième demi-heure, à la Danoise, Ansgar a fait semblant de bousculer Annette, une meuf de l’Université de Copenhague-la-classe. Ils ont passé Slagsmålsklubben, on a dansé et crié comme des vierges et j’ai improvisé quelques pas et mouvements de tecktonik. Ensuite on s’est fait chier. On a décidé de se barrer, Ansgar et Flavius bredouille comme les ¾ des Danois un samedi matin à 3h. José est resté avec Annette. On a loupé le dernier train pour Roskilde, on a dormi deux heures sur les bancs gelés de la gare. Mais en rentrant à Trekroner, la Politi nous attendait. Les petits tecktonik nous avaient balancés, on devient pas Danois comme ça.


Kasper Bjørke - Doesn't Matter

6 nov. 2007

Dédicasse à Bertrand Cantat


On a vu Scarface avec mon amoureuse. Le film dont Nico-mon-pote-du-94 me parle depuis qu’on se connaît, le film auquel 90% des morceaux de rap français font référence. Ca m’a pas marqué sur le coup, mais trois jours après je me rends compte que j’ai encore le film en moi, l’histoire, cet enculé de Tony Montana. Ca m’enivre, j’aimerais venir d’une tess bouillante pour avoir le droit de me prendre pour Tony Montana. Je serais Tony Montana putain, Tony Coulibali, le daron le baron le patron des Africains de ma tess beurs noirs ou marrons. Je serais né dans le caniveau, à Cuba, à La Noé à Chanteloup-les-Vignes, je serais un pur cainf’, un khô du ter ter, un descendant d’esclave, un esclave, un sale nègre. Booba serait mort avec Temps mort, je voudrais faire du chiffre par n’importe quel moyen, j’aurais dans le crâne LIM de Héritiers de la rue à Délinquant, j’aurais un groupe de rap avec deux reufrè, on ferait rien pour le moment mais on casserait bientôt la baraque.

Un soir une baston éclaterait contre des mecs venus d’Achères, on se battrait à coups de barres de fer et de battes sans savoir le motif exact, j’insulterais des putain de blancs, je pèterais des putain de dents, je mettrais pas de putain de gants ; jusqu’à ce que les keufs se pointent, qu’ils essaient d’intervenir, qu’on se retournent contre ces enculés. On brûlerait deux voitures, on se planquerait derrière pour caillasser les poulets sans qu’ils puissent s’approcher. Des CRS débarqueraient et ils nous courseraient, on se planquerait derrière le bâtiment 14 mais Saïd se ferait choper. Après tout je m’en foutrais ce mec aurait toujours été un faible, une petite frappe. Moi je chercherais les gros euros les millions de pesos pour ça j’hésiterais pas à cracher les bastoss, je rapperais avec mes cojoss’. Je ferais un détour pour tréren chez moi, progressivement le bruit des barres de fer sur le béton, des pavés dans les boucliers, des insultes et du feu régulier s’atténuerait, je monterais chez moi, ma reum me demanderait si j’avais participé à l’émeute, je lui assurerais que non, je lui dirais que moi j’étais un khô réglo, que je rappais et que je réussirai, forcément. Mais dans mon seul bloc au moins quinze mecs auraient autant les crocs que moi.

On a vu que les 2/3 de Scarface, faudra que je vois la fin pour prolonger le songe, parce que putain la route est longue de Versailles à La Noé.


(monte le son)