30 déc. 2007

En attendant le jour J


On est à Lille, j’ai mon propre appart’, je mets des sweats à capuche, je relâche la pression, je mange des kebabs, je prends des cours d’œnologie, je fais beaucoup de photos de paysages, je sors avec des filles que j’apprécie pas, j’ai une équipe, je me bourre la gueule à la bière la moins chère avec mes potes après les cours, mes potes viennent de Boulogne s/ Mer, de Fontenay-du-94, de Limoges, d’un lycée de Jésuites à Lyon, je sors avec des belles, avec des moches, je sors avec plus personne, je mange des fricadelles dans des brasseries, j’écoute Para One La Caution et Yann Tiersen, c’est fini la radio, je découvre Le Clézio, ma meilleure amie part en Inde, je débute un roman sur Saint-Cast, je fantasme sur l’île de Batz, je suis centriste, je hais Sarko, je hais la Gauche, je convertis l’entourage, je ne vomis plus en soirée, dans l’amphi les meufs me prennent en photo avec leur portable, je fuis les caméras qu’on braque même pas sur moi, je vois Ségo en meeting, Bayrou en meeting, Sarko sur la place de la Concorde, je réussis mes partielles, je trouve de vieux bouquins jetés dans la rue, j’ai moins besoin de rentrer à Paris, je mange au moins un kebab par semaine, je vis plus simplement, ça me fait moins chier de croiser des gens en allant à Sciences Po le matin, je kiffe ma classe, je kiffe le Ricard, j’ai besoin d’aller en Bretagne au moins deux fois par an, je lis de plus en plus de livres sur la mer, je veux prendre tout ce que j’ai pas pour ensuite prendre le large.

On est au Danemark, mes potes viennent de République tchèque, d’Allemagne, d’Australie, du Canada, je passe mes journées à la library du campus, je me la colle à 19h tout de suite après, je parle en Anglais, je pense en Anglais, je rêve en Anglais, je fais des balades au bord du fjord bleu noir rosé gris clair, premières mises en pratique, je m’achète pas de nouveaux vêtements c’est fini de miser sur les sapes, je joue à GTA2 avant de me coucher c’est fini de miser sur la tendance, j’écoute Johnny Hallyday comme Gainsbourg, Céline Dion comme Edith Piaf, Booba comme Liszt, Kap10 Kurt comme Cher, c’est fini de miser sur Fluokids, je fais 3/4h de vélo par jour, c’est fini de rester planter dans le canapé, je distribue des journaux la nuit, je traîne avec des vrais, mes potes écrivent pour BeHype, bossent chez RISE ou à la SNCF, étudient au Brésil, en Ecosse ou à Saint-Denis, mes potes se la collent ou font des gosses, habitent à Delhi, viennent de Singapour du Japon, j’ai un blog, j’écoute Au Détour du monde tous les dimanche sur France Inter, j’ai une amoureuse, une vraie, je me promène à vélo dans les champs Bretons avec elle, on grignote des calzone à l’aéroport de Copenhague, on goûte au bord des bassins du château de Versailles, j’habite à Roskilde, on s’aime tous, ils vendent de la vodka à la cantine, je vais en Suède, je suis de droite pour un moment, je m’achète une deuxième bibliothèque pour mes livres parce que la pression monte, j’aime pas bosser j’emmerde les administrations la paperasse, je jure que par Zola, Booba, Kennedy, Le Clézio, depuis Loti je me dis que moi aussi faut que je trace, c’est que le début mais dans le métro ou à vélo tu me verras j’ai le regard droit parce que j’avance de la tête au siècle.


Booba boxing (Thaï)




(* Kennedy - Flashback)

25 déc. 2007

Seize piges j'ai peur de personne


On est au lycée, première partie, je fais du basket, j’écoute Tha Dogg Pound, Snoop Dogg et Eazy-E, je suis pote avec Mehdi, et tous les fumeurs de joins de ma classe, mais j’ai jamais fumé, j’écoute Max de Fun à avoir la gueule cernée le lendemain, je taggue avec Thibaut dans l’ancien immeuble Axa, je choisis SES, je fantasme sur les meufs en L au bahut, je connais pas Damien Saez, je me lève à 4h pour regarder les Lakers gagner sur Canal +, Fubu me sponsorise, Mme Cartier fait briller nos yeux en nous parlant de Victor Hugo, j’écris mes premiers trucs, mots d’amour pour Laura, je textote Marine le soir, mais j’ai pas le cran de lui parler la journée, j’ai abandonné la natation, deux fois par semaine je fais de l’athlé, je taggue le stade de Croissy pendant mon footing, je lis Radikal, je les entasse sous mon lit, on me remarque pas en cours, je marche seul dans la rue, je fais une fixette sur Ghost Dog de Jarmusch, je me crois incompris mais c’est des conneries.

On est au lycée, seconde partie, je me laisse pousser les cheveux, je m’achète des polos rose Lacoste, je vire mes Iverson pour des Converse, j’écoute FG, je me mets ma première race, j’en ai honte, je réitère, je sors aux Planches, je chope des meufs en soirée, je découvre Beigbeder, les L de mon lycée s’intéressent à moi, je décroche 20 en natation avec les cours, mes parents se séparent, je parle de Loft Story avec mes potes, mes jeans se serrent, je me reluque chaque fois que je croise un miroir, les meufs trentenaires me reluquent dans le train chaque fois qu’elles me croisent, je vais pas manifester contre Le Pen, je veux aller à Deauville, je m’inscris sur Zepeople, les maigres sont à la mode maintenant, je note les meufs sur une échelle de 1 à 5, je me crois dans la catégorie 5, je traîne dans Paris désormais.

On est en prépa, je lis La Recherche, j’aime La Recherche, je me couche à 2h tous les mercredis, j’écoute Fuzati, je me demande avec mon pote Antoine, pourquoi je vis, je porte des chaussures italiennes, un imper beige, des jacquards, mes cheveux poussent toujours, je cite Montherlant en public, je bois une flasque de whisky avant d’entrer dans chaque soirée, je suis dédaigneux, j’écris des poèmes noirs et crépusculaires, je me ramasse des 6 sur 20 en Histoire XXe, mon avenir est aléatoire, je squatte la bibli de Versailles avec Geoffroy, j’aime la Bretagne, je traîne dans des appart’ trop grands, avec des filles trop riches, je sais pas si je suis à gauche ou à droite, j’aime pas vraiment les gens de ma classe, je reste statique et fasciné devant La Toilette de Lautrec, je découvre Saint Ex, j’aime pas les intellectuels, je veux devenir le roi du Cab’, je me dis que j’ai le droit d’être superficiel parce que je sais par ailleurs ce que veulent dire « thuriféraire », « apotropaïque », « valétudinaire » ou « palinodie », je me crois sincèrement au top à cette époque.



Snoop Dogg - Sensual seduction



(*Kennedy - Flashback)

20 déc. 2007

Donne moi toutes tes billes


On est en primaire, première partie, je pleure le premier jour, le deuxième jour j’encaisse les bons points, le troisième jour je refoule Allison. J’ai une coupe au bol, des lunettes devant mes yeux marrons, je porte des baskets dont l’arrière clignote uniquement pendant trois semaines, je me trimbale avec une banane bicolore pleine de billes dans la cour, mon père me corrige parce que je déchire mes jeans toutes les semaines, je commence à nager, à comprendre un peu, quand un pote fait tomber sa trousse de pogs on se rue dessus et on le pille, loi de la cour, je crache dans la langue de bœuf qu’on me sert à la cantine, je cartonne en CE2, je suis amoureux de Lisa, je lui cours après à la déli délo, j’attends l’été pour frimer en tee shirt, j’ai un paquet de cartes DBZ épais comme un poing de boxeur, je longe le grillage de la cour tout seul, les meufs m’offrent leurs billes pépites, on a peur de Jason dans les caves de l’école, on est une bande de potes, nos parents sont potos, on termine nos anniv à la pizzeria du coin.

On est en primaire, seconde partie, j’aime Louis XIV, j’ai toutes les images de l’album panini Le Roi Lion, je démolis Jean-Maxime parce qu’il a touché ma sœur, je lis tous les Fantômettes, je grimpe aux arbres dans ma résidence avec des petits cathos, je nique tout le monde à la foulée, on se fout de moi à la natation parce que je suis plus maigre que la moyenne, je suis amoureux d’Aline, Aline roule des pelles à William, William est dernier de la classe, je suis vénère, j’ai les cheveux en brosse, la prof nous chourre nos Twix après la piscine, dans l’école on est peu à avoir des jojo’s, je fais plus rire les Elodie et Valérie à la cantine, à ce qui parait je vais réussir mais j’ai juste un petit sourire intrigué à l’idée de rentrer en 6e.

On est au collège, je prends le bus avec les adultes, je me fais tout petit, je sors avec ma première meuf, j’ai les Félicitations pendant quatre ans, je suis en sport-études maintenant, on se bat à la récré contre la Section américaine, je suis délégué de classe, je gagne des Cross, Lore en aime un autre, j’offre le single de Yakalelo a un pote, ma mère m’achète des Ellesse vert foncé, puis des Vans, je suis à la mode mais j’ai jamais skaté, je me fais racketter avec mes potes dans le parc du château de Saint-Ger, je suis 4e au championnats de France, je crache dans la rue, j’écoute Stomy Bugsy, ma prof de Français me dit que je suis puriste, je suis mauvais au concours Kangourou, je fais des feux dans la forêt de Saint-Ger avec mes potes, je me fais courser par un pédophile, je me lève à 6h pendant les vacances pour aller nager cinq heures par jour, je commence à faire la gueule tous les matins devant mes Smacks, je suis enfin respecté à la natation, je choure des sodas chez ATAC, je me fais choper, je recommence plus, je veux tout miser sur le lycée, à tort je veux oublier cette époque.



(*Kennedy - Flashback)

16 déc. 2007

Drapeau blanc toujours au sale


Rentré de Copenhague. Le mec de la SNCF me dit « ouais ils sont tous directs à Châtelet ». À croire que cet enfoiré bossait pour la black mafia de Sevran. Je monte dans le premier RER sans regarder, persuadé que le prochain arrêt sera Châtelet, et rien d’autre. Bref le bleu quoi, le mec qui débute, qui connaît pas le terrain. Le train s’arrête à Parc des Expositions, ouais ça va, un truc littéraire, pépère. Puis tout d’un coup, Villepinte. Je me dis merde, non seulement il s’arrête partout, mais en plus dans des villes bouillantes. Je lève mon regard vers le plan de la ligne, en voyant le truc venir.

Jack pot : la suite de la ligne, Sevran. Sevran un pote de Lille ayant une street kred’ nous avait déterré une vilaine vidéo sur DM. Un truc crasseux, un truc pas propre, un truc de cave, avec des rabzouz vénères sur la fin, qui te courent après dans la tess. On avait beau être dans un loft au chaud on a tous fait dans notre froc en osant pas se retourner. Un papy arabe s’assied en face moi, une bonne tête d’épicier, je lui fais des sourires genre pour qu’il m’adoube, pour qu’en cas d’embrouille il me défende un peu quoi.

Suite des hostilités, Aulnay /s Bois. La ville de Sefyu, rien de moins. Sefyu, le mec sans visage, juste le mec tout noir, qui rappe une marmelade dans laquelle tu trouves des douilles et des lames de rasoir en la mâchant. Autant dire que je m’attendais à voir monter une armée de Sefyu une fois le train arrêté. Autant dire que c’est ce qui s’est passé. Grande envie de chialer ma mère, ma race, j’ai décidé de faire semblant de dormir.

Le Blanc-Mesnil, le train reste en gare trois minutes, portes ouvertes. Je me dis putain mais le conducteur à un pourcentage dans les butins amassés sur la ligne c’est pas possible. Il repart, Drancy. Quand tu parles d’une ville, tu cites le rappeur qui en vient pour faire flipper les potes. Mais ce qui fait encore plus flipper, c’est qu’aucun rappeur connu ne s’est désembourbé de Drancy. La plupart des rappeurs sont pas des dangereux, un dangereux ça rappe pas, ça fait son biz. À Drancy on rappe pas, c’est pour les filles, pour les pédés.

Le Bourget. Terrorisé, je me risque à écouter ce que les mecs d’Aulnay disent derrière moi. Des mecs hostiles, bien foncés, bien subsahariens. « Tain j’ parie qu’il va descendre ici ». Je transpire, ils parlent de moi. Et en même temps je reconnais que la blague est bonne, efficace. Mais je suis pas allé jusqu’à me retourner pour les féliciter.

La Courneuve – Aubervilliers. Nico m’a dit que La Courneuve c’était un ghetto vitrine. Je m’accroche à cette idée au moment où le train s’arrête. Mais la population sur le quai me fait très sérieusement douter. Et puis au cas où La Courneuve n’était pas assez dangereux, y a Aubervilliers pour la même station. J’ai cru voir Mac Tyer sur un toit avec un canon scié pointé sur moi.

J’ai relevé doucement la tête, parmi les 9 stations avant Châtelet, on arrivait dans la tranche à l’eau de rose. Saint Denis ? Même pas peur, y a le stade et les studios TF1. Gare du Nord, carrément la balade, les businessmen de Londres et Amsterdam montent dans le train. Enfin je suis arrivé à Châtelet ; je me souviens quand j’ai commencé à prendre le RER c’était la station craignoss’. Eh ben j’ai jamais été autant content d’y arriver.


Sur le quai du RER A vers La Défense j’ai bombé le torse. Je crois même avoir bousculé un mec en rentrant dans mon train qui me ramenait sain sauf et féroce dans ma banlieue chic.




(* Booba - Numéro 10)

13 déc. 2007

Ceux qui s' lèvent juste pour pisser


La tuile. Je me connecte sur MSN et qu’est-ce que j’apprends, qu’il y a eu une nouvelle Miss France. J’y ai pas cru au début, j’ai dû demander à mes potes sur MSN : « Mec j’ai vraiment loupé les élections de Miss France ?!? » ; Foucauld et Furet m’ont achevé en me répondant que oui… Mon événement télévisuel du mois de décembre, l’apogée de la fin de l’année bien avant les 120 minutes deeeeeee…Bonheur !, tout d’un coup passé sans même que j’ai pu m’en rendre compte.

J’aurais voulu acheter le télé-7-jours comme avant. Mater les gueules et les descriptions de toutes les candidates, avec ma sœur me foutre de la gueule de Miss Poitou parce qu’elle ressemble à un gendarme, ou de Miss Gascogne parce qu’elle fait un BTS Langues proche-orientales. Ensuite on aurait pris un bic Forest Hill pour faire nos pronostics, en étant persuadé qu’on aurait bon quelque part. Ma sœur aurait misé sur Miss Martinique mais en connaisseur, en bourlingueur je lui aurais confié qu’il y avait déjà eu une noire y a deux ans et que le public n’en voudrait pas d’une nouvelle si vite. On aurait noté tout ça sur des feuilles qu’on aurait ressorti le grand soir.

Ah le grand soir... Le dîner en famille complètement bâclé, le Cousteron englouti devant la météo pour pas louper la bande-annonce vue une dizaine de fois déjà, et puis le dessert préparé pour l’occaz, un Banana Split pour éviter les mousses aux fruits. Générique de début, trompettes, musique kitsch, images rosées et brillantes sorties d’Amour Gloire et Beauté, la soirée retransmise depuis un grand théâtre que je connais pas à Montauban ou à Saint-Etienne. Et puis Jean Pierre Foucauld qui maltraite les assistants en direct. L’émission qui se déroule dans cette ambiance de mariage middle class américain. Les scènes tournées à Marrakech, les sourires email Diamant. Puis le moment où tu sens l’ennui venir mais sans le savoir, sans le comprendre… mieux que la question coquine de Reichmann, arrive le défilé en maillot de bains ! Toutes les Miss, sapées dans les mêmes maillots qu’on vendait dans les années 90 par pelletées sur la plage des Salines en Martinique. Attendre qu’une trébuche, se moquer tout en matant du coin de l’œil le boul de Miss Auvergne qui tourne sur elle-même et repart se figer. Et puis l’épilogue, ton papier de pronostics en main lors du dénouement, les larmes au bord des yeux quand celle qui était ton poulain gagne. Tu te dis putain quand même ça a beau être ce qu’on en dit c’est tellement de bonheur pour elle. Et le grand vide quand l’émission s’achève, quand ton Banana Split est fini, que t’as plu qu’à aller te coucher, tout seul.

Ces dernières années j’avais faibli un peu, je feuilletais plus que vaguement le programme télé en matant les têtes. Et puis je me pointais 1/4h après le début de l’émission, croyant que j’avais mieux à faire genre lire Mon Frère Yves ou Au Bonheur des Dames. J’écoutais pas les estimations à mi-parcours, je me foutais de la gueule des commentaires éclairés de Smaïn et de Christian Karembeu. Mais au fond, tu parles, il a fallu que je sois au Danemark pour comprendre combien cette soirée Miss France pesait pour moi. Là je sais qu’elle est passée, j’attends plus rien télévisuellement de ce mois de décembre. J’ai maté la fin de la cérémonie sur Daily Motion mais ça suffit pas quoi. J’ai plus d’horizon, plus de repères, je vais me faire chier à en mourir en rentrant à Paris.

À moins que ma sœur l’ait enregistrée. Mais je veux pas y croire de peur d’être plus déçu qu’une première Dauphine.

(* Booba - Animals)

4 déc. 2007

J' veux la gloire sans la rançon


J’ai tout compris un jour en lisant un post des Fluokids. Le mec avait précisé « l’accordéon étant de fait interdit sur Fluokids ». J’aimais l’accordéon, je me suis dit merde, ces mecs la jouent fraîcheur, on n’aime pas l’accordéon, on n’aime pas Villefranche-sur-Rouergue, on n’aime pas La chance aux chansons, on n’aime pas Scott, on n’aime pas sa meuf qui chante dans des mariages et des karaokés et sait qu’elle percera, avec ou sans la Star Ac’.Bref, tout ça pour parler de Johnny. Toi tu l’appelles Johnny Hallyday, et encore, quand par hasard t’en viens à parler de lui. Mais tu te rends compte que là en tapant son nom, Word le souligne même pas d’un trait rouge ? Johnny dans le dico mon gadjo, Johnny la France bien avant toi qui n’arrivera jamais en gare.

J’ai tout compris un soir en rentrant bourré d’une soirée allemande à Roskilde. Foucauld m’a parlé de Johnny, j’ai pas compris tout de suite. Puis je me suis souvenu de Jean-Philippe, le film sur Johnny. Je me suis souvenu que j’avais aimé le film, quoi qu’en pensaient les bobos. J’avais vue une émission intello un soir sur France 3, un chanteur bobo lançait qu’il préférait Eddy Mitchell à Johnny ; du haut de mes dix sept ans j’approuvais sans broncher. Mais en fait autant pas se voiler la face, Johnny est le meilleur un point c’est tout. Johnny c’est comme quand la France bat l’Italie, tu peux te lâcher, hurler, transpirer, redevenir animal. Mais Johnny c’est aussi Quelque chose de Tennessee, le mâle un peu torturé, un peu las parfois d’avoir sur les épaules autant de masculinité et de kilomètres dressés dans la Vallée de la Mort. Johnny enfin c’est les deux en même temps, c’est Requiem pour un fou, une chute en gueulant et en chialant. Autant le dire Johnny c’est le Perfecto, le tatouage aigle ou loup-garou, la bière, la Route 66 en Harley entre Williams et Barstow le menton et les avant-bras recouverts de poussière ocre, ou en fait la cabine de camion qui pue le renfermé entre Bergerac et Bayonne. Mais justement c’est ça qui est bon dans Johnny. Je vois tout, le salon avec une dvd thèque remplie de tous les J.C. Van Damme et Steven Seagal, le frigo 60’s criblé de magnets de Rocamadour, Biarritz, La Ciotat, Dijon. Les dimanches aprem à gagner des paniers garnis au Bingo du quartier, les déjeuners sur la table en plastique Castorama sur le balcon à se goinfrer d’une salade composée mais sans riz, devant Les Z’amours avec Jean-Luc Reichmann. Viroflay/Marignane en Super cinq rouge, le melon le rami le pastis sous le parasol, le poster d’Une journée en Enfer, le grand lit blindé de peluches. Ouais, c’est un peu tout ça Johnny.

Il est au Stade de France en 2009, faut faire comme moi, se dépêcher d’acheter sa place.

Le Pénitencier!



(*Booba - Animals)

1 déc. 2007

Putain quelle rime de bâtard

Histoire de remettre un peu de Scandinavie dans ce game.. :


Danmark














Sverige





28 nov. 2007

J' suis Dieudonné en plus foncé


Dans le rap y a de tout, d’abord les premiers, ceux qui écoutent Sky depuis qu’ils ont huit ans, qui vivent à Balzac, dealent un peu de teu teu, vont trois jours sur six en cours, pour gueuler sur la pauvre fonctionnaire jetée dans la BS (banlieue sud) parce qu’elle débute. C’est des mecs qui se baladent avec une mini lame dans la poche droite, qui pour les plus gaillards ont déjà lancé un ou deux gravillons sur une voiture de flics qui se tirait déjà à 200m devant eux. Ils kiffent LIM, la Mafia africaine, le Peur’snaï au début et tout morceau dans lequel on entend « ça vient de la rue » et « I’m still Jenny from the block », ou bien des appels à la révolution ambiance Pagaille de La Brigade, ou Qu’est-ce qu’on attend de NTM. Mais c’est normal ils ont pas une vie facile.

Dans le rap ensuite y a les deuxièmes. Ils vivent en banlieue classique, rapidement embourgeoisée. Eux ils ont oscillé entre Max et Difool, mais ont vite fait leur choix en découvrant « le problème du mois ». Ils vont à l’école dans un lycée public, se font pote ou non avec les deux ou trois méchants de la classe. Ils ont lâché quelque larmes un soir en écoutant Mystère & suspense, sans vraiment savoir pourquoi ; mais c’était parce qu’ils avaient jamais vécu les paroles et les vivraient jamais. Leurs parents ont fait la gueule quand ils commencé à porter des Requins. Ils kiffent le rap mainstream, les groupes classiques, le 113, Rohff, tellement classiques que toi tu connais pas, tous les albums, les mixtapes etc. Ils peuvent pas aimer Booba, ça détruirait la crédibilité que certains veulent avoir.

Dans le rap y a les troisièmes, qui n’avaient pas vraiment de potes quand ils étaient au collège, qui ont commencé à sérieusement traîner sur Internet dès la seconde. Ils étaient ni bons ni mauvais à l’école, ils ont passé leur temps libre sur leur console et sur le net, sur des forums obscurs, ils ont fouillé Internet, ils ont vécu Internet. Aujourd’hui ils font du rap étrange, ont des blogs ou sont un peu dj. Ils aiment Fuzati La Caution et Cuizinier, Lunatic, Time Bomb, tout ce qui existait avant la B.O de La Haine. Ils aiment les trucs underground mais surtout pas les groupes mainstream, ça affaiblirait leur crédibilité de ghetto nerd qui s’y connaît. Ils se vengent aujourd’hui, des années difficiles, en te foutant la honte si tu connais pas tel ou tel titre. Dur dur.

Enfin dans le rap t’as les gens comme moi. Aucune street cred’, aucune skills cred’. À douze ans j’écoutais pas Lunatic, c’était encore ma mère qui choisissait mes pompes. On vient pas d’une cité je suis même pas sûr qu’il y ait des HLM dans ma ville de banlieue chic. On a acheté trois quatre Radikal en seconde mais en dilettante. On s’est aussi essayé au tag mais quand de vrais crews de graffeurs ont voulu nous attraper on a posé nos Poska direct. On n’a pas besoin d’avoir de crédibilité, on n’habite pas à Gargenville et on écrit encore moins les posts hip hop de Fluokids. On est des auditeurs décomplexés, on a le droit d’aimer Seth Gueko, on crève de faim en attendant le prochain album de Booba dont nos gosses devront apprendre les paroles en cours de Français. On n’a pas vu Les Affranchis mais on est affranchis c’est pour ça qu’on sait qu’on est quelque chose comme les prochains.





(*Despo Rutti - 3 millions)

22 nov. 2007

T'inquiètes les 3/4 sont des pédés


Je viens de lire un article sur un webzine fashion ; à propos de Facebook. L’article nous dit que MySpace c’est le bonheur alors que Facebook c’est l’horreur. MySpace c’est pour les teubés alors que Facebook c’est pour les lumières. Ca pourrait être entièrement relativisé. Alors rentrer dans le débat je m’en balance, mais tout de même.

Evidemment tout d’un coup les mecs et les meufs qui se prenaient pour les Rois de la night se rendent compte confrontés à des gens qui ont fait des études, qu’au-delà de trente ans rentrer au Baron comme papa dans maman ça sert plus vraiment à grand-chose ; ils en viennent même à se demander si ça leurs a vraiment servi un jour. Une meuf débarquée de MySpace se prendra donc très souvent de grosses claques sur Facebook. Je lisais un jour une phrase moqueuse du genre « et il en est où le binoclard du premier rang en seconde ? », sous-entendu quand je tape amicalement sur l’épaule de mon meilleur négro Teki, l’ancien binoclard doit se faire chier à la campagne avec ses parents et ne même pas connaître les Gentlemen Drivers. Ben j’ai la réponse pour les meufs débarquées de MySpace, le binoclard du premier il en est qu’il sort d’HEC là, et vient de tréren dans une grosse boite d’audit internationale. Alors que toi ben, tu sais pas vraiment, t’essaies de faire un peu de musique, et puis du graphisme aussi, mais t’as des tonnes de projets et tu connais du monde à Paris.

Alors je défends pas non plus Facebook (ni les mecs qui sortent d’HEC). J’y ai débarqué aussi après MySpace, en m’inscrivant avec une amie de mon école, j’y ai zoné pendant six mois sans vraiment saisir le concept. Puis je me suis pris au jeu, j’ai de plus en plus voulu peser en roro sur Facebook. J’ai commencé à mettre des status de plus en plus puissants, j’étais loin devant les mecs qui mettent quatre heures à accoucher d’un « Machin is at home ». J’ai ajouté tout et n’importe qui, des mecs que j’avais vu deux trois fois en seconde, d’autres vaguement croisés en soirée. Bref des inconnus, mais le chiffre montait ! 300, 400 potos… Je suis parti au Danemark pour les études, trop la classe d’avoir déserté le pays, d’être international. Quand mon amoureuse est venue sur Facebook, j’ai fièrement ajouté son nom à côté de « in a relationship with » ; le truc dont j’étais vraiment le plus fier pour le coup. J’ai fait le snob en allant jusqu’à mettre que j’étais ni « other » (socialiste) ni very liberal (sarkozyste), mais moderate, Villepiniste, Strauss-Kahnien, Bayrouiste, la classe quoi. J’ai mis dans quelle école j’étais, par où j’étais passé, parcours de rêve.

J’ai multiplié les applications, la mappe monde pour frimer en montrant que j’avais vécu dans deux pays, et voyagé dans tous les continents, la friend wheel pour que les gens re comprennent bien que j’avais des potes, qu’ils étaient tous plus ou moins liés les uns aux autres, les surnoms, pareil, 28 personnes m’ont nicknamé je te raconte pas la classe, j’étais donc intime avec autant de gens ! J’ai créé des albums photos où j’ai taggé plein de potes, tout devenait concret non mes potes en étaient de vrais, on passait des vacs ensemble. Je me suis fait un top friend, mes khôs m’ont ajouté… La crème, je me suis ajouté aux meilleurs groupes, des trucs qui faisaient frais, des trucs que quand tu lisais « Dimitri D. joined the group nia nia », tu te disais merde je connais pas, c’est quoi ce truc de fou.

L’apothéose ça a été quand j’ai commencé à créer des groupes. J’invitais mes 400 amis et le groupe prenait de l’ampleur, 1,000 membres et au-delà ! J’étais connu sur le Net tain.

Mais Facebook, qu’on soit à Normale ou rédacteur chez Brain, c’est un piège ; en ce moment la mode dans les groupes c’est d’utiliser le fonctionnement du site pour gueuler contre le fait qu’on va utiliser les photos qu’on y publie, les infos qu’on y rend publiques. Ben j’ai envie de leurs dire les mecs, que vous ayez pesé ou pas, que ce soit important ou pas, faites comme Amaury, tirez-vous de là. Moi je m’arrache avant la fin de l’année, c’est décidé. J’ai tout pillé je suis respecté sur le site, le Duc de Facebook, alors je vais me trouver un autre site pour une fois de plus commencer en bas de l’échelle, et tenter de tout kicker avant mes trente ans.

Toute manière le meilleur truc à faire, c’aurait été de pas s’inscrire. Big up à Olivia.


(*Booba - Garde la pêche)

19 nov. 2007

Mon hall passe avant tout


À mon étage, y a un Chinois qui se balade en pyjama Mickey et chaussons DBZ, qui parle pas vraiment Danois, qui parle pas vraiment Anglais, qui distribue des journaux à vélo à 4h du matin, qui apprend à conduire sur son ordinateur, qui se mélange pas vraiment.

À mon étage, y a un Danois de dix sept ans, qui ressemble à Erwan de Secret Story, qui nous vole notre bouffe, qui s’enferme la nuit avec ses potes, pour braquer les frigos et les placards à provisions, qui trimballe un chien et une petite amie ; qui se fait virer par un agent de l’Etat.

À mon étage, y a un Camerounais qui étudie l’informatique, dîne à 22h tous les soirs, est passionné de football, qui se méfie de plus en plus de l’industrie musicale occidentale, qui écoute RFI, qui est le seul francophone du coin, qui rigole à mes blagues.

À mon étage, y a un Chinois qui nous fait croire qu’il s’appelle Michael, qui met des tongs et des shorts de basket, qui est passé chez le coiffeur la semaine dernière, qui cuisine des travers de porc en écoutant de la cheap pop music, qui parfois va jusqu’à chanter ce qu’il écoute.

À mon étage, y a un Danois bodybuildé qui bosse dans la finance et gagnera de l’argent un jour ; un Danois nommé Flemming qui mange des saucisses dans la cuisine, deux Thaïlandais que j’ai croisé une fois en trois mois, une Danoise pas très belle, habillée par Pimkie.

Quand quelqu'un sort de la Cryptonites, quand j’en ai marre de ces braves gens, je fais un saut à RUC voir mes potes Erasmus, je travaille sur l’identité européenne, je bois un peu, je lis Le Monde d’avant-hier ; mais je reviens toujours.


(*Alibi Montana feat. Sefyu & LIM - Honneur aux ghettos)

14 nov. 2007

On est wanted depuis la naissance


J’ai failli crever de faim ces derniers jours. Problème de transactions financières Versailles / Copenhague. J’imaginais déjà les titres des journaux chez vous en France « Un étudiant français mort de faim au Danemark » ça aurait vraiment été la tristesse ; un peu comme quand Aimé croit qu’il va mourir à cause d’un empoisonnement aux champignons dans H : « Allez ciao putain… ». Voyant le truc venir, sachant quand mon argent tomberait et voyant mon frigo désespérément vide j’ai cherché des moyens de me nourrir. Le premier truc connu ici c’est de ramasser les canettes et bouteilles de bières. Alors je l’ai fait, à chaque soirée en skred quand tout le monde était déchiré j’ai récolté les cans et les ai foutues dans mon sac. Mais ça faisait pas assez, alors je suis parti de chez moi un soir avec mon sac à dos et trois sacs de courses, j’ai fait ça de nuit pour pas me taper la honte. Enfin je suis allé au Netto pour échanger ma marchandise contre du gros gen gen, mais en fait c’était du tout petit gen gen, j’avais récupéré que 32 putain de kroner.

J’ai cherché autre chose donc et c’est imprégné de culture versaillaise que j’ai commencé à faire la manche. Mais une manche classe attention, pas une manche de pédé. J’ai posté des petits mots dans toutes les mailbox de ma neighbourhood le message était simple : “I’m a Parisian student in Denmark and because of a money transfer problem I am in need of food, I’ll make a collection of food tomorrow, be ready to give!”. Le lendemain je suis passé. On m’a claqué cinq fois la porte au nez, une fois des ados m’ont filé des légumes surgelés parce que leurs renp’s n’étaient pas là. J’arrive devant la maison suivante, la mère de famille me lâche trois bonbons, des réglisses. Je lui dis putain mais j’aime pas les réglisses, je crève la dalle tu comprends ?! Elle me répond qu’elle n’a que ça, je l’engueule, son mari rapplique, s’en mêle, je le pousse, cet enfoiré me met une branlée (j’avais perdu du poids). En me barrant je ramasse deux caillasses dans leur jardin et les balance contre leurs vitres, puis trace en courant comme un lâche.

Le ventre troué je décide de rentrer en délinquance. J’ai arraché des vieilles. La pire délinquance, la délinquance minable, crasseuse quoi. En le faisant je flippais encore plus que les vieilles peaux que je braquais mais bon. J’ai tiré quatre sacs à main en tout, la dernière j’ai un peu dérapé cette teubée lâchait pas son sac merdique alors je l’ai poussée, elle a pas trouvé mieux que de tomber sur le pavé et de saigner du crâne en chialant. Résultat des courses : 560 kroner. Ca me suffisait largement mais j’ai pris goût au truc, une nuit j’ai balancé de gros caillasses sur la vitrine d’une pompe à essence, mais la vitre était doublée du coup en insistant j’ai fait trop de bruit ; au moment où je réussis à rentrer je m’ouvre le mollet sur des bouts de vitre, une alarme retentit, j’entends la-sirène-des-flics-à-l’Américaine, je décide de partir sans demander mon reste, mais en boitant et tachant mes Fred Perry quoi.

Depuis j’ai reçu ma thune j’ai fait mes courses bref tout est rentré dans l’ordre. Avec la thune des mamies ben je m’enchaîne Burger King sur Burger King et d’ailleurs, je commence à avoir un peu mal au ventre. « Essayer d’être riche en trichant » (Booba).


ALB - CV 209


ps : dorénavant je mettrai la source de mon titre de post ; ça évitera les scandales et surtout je me persuade que ça donnera du style.
(*Booba - Interview Couvre-feu avant clash contre Sinik)

9 nov. 2007

Les yeux bleus à cause des gyrophares


Hier, on se l’est jouée Danois. On a foncé på Netto s’acheter un pot de gel fixation béton. On est rentrés se préparer, sur le chemin on a croisé des petits tecktonik plus blonds que de la Turborg en pack de 6. On a bien étudié leur dégaine, puis on a racketté leurs sappes.


Hvad hedder du ?
(« Tu t’appelles comment ? »)
Kasper (“Kasper”)
Okay, you have good music in your cellphone? (“T’as du gros son de taulard dans ton 06 ?”)
Huh…Ja ?... (“Heu… ouais ?...”)
José ne loupant jamais une occaz de se la jouer ghetto a conclu subtilement :
Okay so you gon’ give it to us mutha fucka! (“Dans ce cas on va se permettre de te l’emprunter”)


On s’est habillés pour sortir. Pour l’ambiance on a mis un peu de musique : Gala, Cher et Eiffel 65 à fond. J’ai mis un jeans blanc bien slim, j’étais vilain dedans avec mes jambes rachitiques et mon mètre quatre-vingt dix. J’ai mis des Reebok montantes blanc sale, en prenant soin de laisser dépasser la languette ; on l’a fait à la Danoise. J’ai mis la ceinture de Kasper, noire avec des clous, puis un tee-shirt moulant noir avec écrit dessus en rose fluo « Garde la pêche » (en Danois), enfin un sweater à capuche noir, pour alterner avec le jeans. Une fois tous sappés on est passés à la salle de bain. On a mis des bandanas autour de nos cous. Flavius et Ansgar ont les cheveux courts, ces salauds ont pu se faire une crête bien huileuse. Avec ma coupe j’ai pu tenter le Super Banco comme sur Inter : mèche plaquée sur le front par une fiévreuse couche de gel, cheveux à l’avant du crâne aussi plaqués qu’un rabzouz par un flic ou que moi par Micheline en 5e. À l’arrière du crâne, cheveux en l’air avec des pics. Ce qu’on n’avait pas prévu c’est qu’on aurait l’air con dans des fringues rackettées à des gamins de 17 ans.


Bref on a pris le train pour København (Copenhague) en tisant des Tuborg. Dans les bandes de jeunes Danois, y en a toujours un seul qui est maqué. Le mec sérieux. J’étais celui-là, mes potes étaient des Danois lambda, des mecs qui partent à la chasse juste pour un soir. Flavius et moi avons trébuché en descendant sur le quai, mon slim blanc a glissé découvrant mon boxer vert pomme acheté chez Urban Outfitter. Sur le chemin vers Culture box on a bu les bouteilles de Sonelli en écoutant la musique des portables chourrés aux chiards. On a passé une demi-heure dans la boite assis en bande autour d’une table basse à se faire violence en ingurgitant une bouteille de vodka. Danmark en nous. Des meufs nous jetaient des regards furtifs, j’ai vu mes potes faire pareil. Au bout d’une deuxième demi-heure, à la Danoise, Ansgar a fait semblant de bousculer Annette, une meuf de l’Université de Copenhague-la-classe. Ils ont passé Slagsmålsklubben, on a dansé et crié comme des vierges et j’ai improvisé quelques pas et mouvements de tecktonik. Ensuite on s’est fait chier. On a décidé de se barrer, Ansgar et Flavius bredouille comme les ¾ des Danois un samedi matin à 3h. José est resté avec Annette. On a loupé le dernier train pour Roskilde, on a dormi deux heures sur les bancs gelés de la gare. Mais en rentrant à Trekroner, la Politi nous attendait. Les petits tecktonik nous avaient balancés, on devient pas Danois comme ça.


Kasper Bjørke - Doesn't Matter

6 nov. 2007

Dédicasse à Bertrand Cantat


On a vu Scarface avec mon amoureuse. Le film dont Nico-mon-pote-du-94 me parle depuis qu’on se connaît, le film auquel 90% des morceaux de rap français font référence. Ca m’a pas marqué sur le coup, mais trois jours après je me rends compte que j’ai encore le film en moi, l’histoire, cet enculé de Tony Montana. Ca m’enivre, j’aimerais venir d’une tess bouillante pour avoir le droit de me prendre pour Tony Montana. Je serais Tony Montana putain, Tony Coulibali, le daron le baron le patron des Africains de ma tess beurs noirs ou marrons. Je serais né dans le caniveau, à Cuba, à La Noé à Chanteloup-les-Vignes, je serais un pur cainf’, un khô du ter ter, un descendant d’esclave, un esclave, un sale nègre. Booba serait mort avec Temps mort, je voudrais faire du chiffre par n’importe quel moyen, j’aurais dans le crâne LIM de Héritiers de la rue à Délinquant, j’aurais un groupe de rap avec deux reufrè, on ferait rien pour le moment mais on casserait bientôt la baraque.

Un soir une baston éclaterait contre des mecs venus d’Achères, on se battrait à coups de barres de fer et de battes sans savoir le motif exact, j’insulterais des putain de blancs, je pèterais des putain de dents, je mettrais pas de putain de gants ; jusqu’à ce que les keufs se pointent, qu’ils essaient d’intervenir, qu’on se retournent contre ces enculés. On brûlerait deux voitures, on se planquerait derrière pour caillasser les poulets sans qu’ils puissent s’approcher. Des CRS débarqueraient et ils nous courseraient, on se planquerait derrière le bâtiment 14 mais Saïd se ferait choper. Après tout je m’en foutrais ce mec aurait toujours été un faible, une petite frappe. Moi je chercherais les gros euros les millions de pesos pour ça j’hésiterais pas à cracher les bastoss, je rapperais avec mes cojoss’. Je ferais un détour pour tréren chez moi, progressivement le bruit des barres de fer sur le béton, des pavés dans les boucliers, des insultes et du feu régulier s’atténuerait, je monterais chez moi, ma reum me demanderait si j’avais participé à l’émeute, je lui assurerais que non, je lui dirais que moi j’étais un khô réglo, que je rappais et que je réussirai, forcément. Mais dans mon seul bloc au moins quinze mecs auraient autant les crocs que moi.

On a vu que les 2/3 de Scarface, faudra que je vois la fin pour prolonger le songe, parce que putain la route est longue de Versailles à La Noé.


(monte le son)

31 oct. 2007

Représente le bruit et l'odeur


J’ai fait un rêfe cette nuit. J’avais des boutons plein la gueule. Je portais des Nike requin, un blue jeans avec tout près de la poque droite, trois signes chinois brodés en rouge, voulant dire « Made in China », mais ça je le savais pas. C’était un matin, je m’étais levé plus tôt pour me raser les caveux devant la glace de ma salle de bain. Fini les pics de caveux au gel Vivel Dop fixation extrême. C’était plus bon que pour mon petit frère qui allait au collège Jean Macé, à Lille Sud. J’avais mis Eminem à fond dans ma turne, c’était un gros que je comprenais, ses chansons me parlaient, même si je parlais pas Anglais.

J’étais plus le mec de ma meuf, mais j’étais son chum.
Avant d’aller commencer mon traval à Speed Burger, rue Gambetta, j’étais allé prendre un verre et in neuche eud’ viante avec des amis au Pare-brise, rue Natio (Rue Nationale). Gilles avait le cafard, sa gerce l’avait laissé sur le bord de la route, elle était parti avec un motard du 62 ; ça nous foutait tous les boules pour sûr, mais allez, fallait pas se laicher abatte. Puis j’étais allé bosser. Oh, moi livreur de hamburgers c’était pas ce que je voulais faire toute ma vie ; je voulais faire de la pêque au large d’Ambleteuse. Quitter mon bombers Schott NYC et le kebab Chez Dounia rue de Douai, pour la vareuse et la poiscaille.

J’avais deux potes arabes mais mon père les aimait pas.
Le soir – c’était vendredi- Gilles nous avait tous conduits en Belgique, pour qu’on sorte en boite. Dans la carrette on avait bu des bières Koenigs et des flasques de Whisky. Pour l’occasion j’avais mis une veste de costard acheté chez Jules ; sapé comme un milord. Ma man avant que je parte m’avait pris en photo avec l’appareil numérique. J’avais chauffé une zouz là-bas, elle s’appelait Jeanine. Mais bon on s’était juste roulé des pelles, vu que j’étais quand même maqué. J’avais vomi, Gilles s’était quand même mis une fessée, on était tous rentrés en carrette. J’avais trébuché dans la pendule du salon en rentrant chez moi, mon père s’était réveillé, je lui avais gueulé dessus, il m’avait dit que c’était pitoyable de mener une vie comme la mienne, il m’avait dit qu’il n’était pas fier de moi, qu’il ne savait pas ce qu’il avait raté dans mon éducation. Il s’était mis à braire. Je l’avais traité d’enculé et j’avais claqué ma porte, pour m’affaler sur ma couche sans me laver ni la guiffe ni les dints.


29 oct. 2007

Halloween party @Gimle

















Special congratulations to Ansgar (Germany) for the Clockwork orange costume.

27 oct. 2007